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MARETS.

emitteretur. Sed vix dum in has conditiones N. N. et A. A. magistratus ultrajectinus, re communicatâ cum D. Voetio et suis bonâ fide consenserat, et adhuc de loco, tempore, et personis conventus præliminariter agebatur per tabellarios hinc indè inter proceres utrosque missos, cùm ecce novus interim libellus, convitiosus et famosus, sub nomine Chabænai, contra fidem publicam in me Ultrajecti prodiit.

Cette querelle [1], étant l’une des plus remarquables que l’on ait vues entre deux théologiens protestans, et ayant été féconde en livres plus qu’on ne saurait se l’imaginer, j’avais dessein d’en donner toute l’histoire, avec la liste chronologique de tous les écrits qu’elle produisit ; mais j’ai trouvé que cette entreprise demandait plus de lumières et plus de recherches que je n’en pouvais apporter, et qu’elle tiendrait trop de pages. Je la laisse donc à ceux qui travaillent aux annales ecclésiastiques, ou à l’histoire littéraire du dix-septième siècle, et je finis cette remarque par un éclaircissement que je ne saurais assez bien circonstancier. J’avais ouï dire en France à bien des gens, qu’un jésuite [2] publia un livre qui ne contenait autre chose que les injures que ces deux célèbres professeurs ont divulguées l’un contre l’autre, et qu’il a donné ses conclusions en cette manière : Quand même on supposerait que les deux tiers des accusations seraient fausses de part et d’autre, l’autre tiers étant véritable rend dignes de punition corporelle ces deux écrivains, qui ont néanmoins protesté durant le cours de la querelle qu’ils souhaitaient une bonne réconciliation. Je n’avais trouvé en Hollande aucune personne qui eût connaissance d’un tel livre ; et des gens qui me semblaient dignes d’être crus en ces matières m’avaient dit qu’il n’avait jamais existé : mais enfin M. Grævius m’a fait voir qu’un jésuite du Pays-Bas a publié un recueil de cette nature.

Si M. Grævius n’avait en vue que le Munus adventitium publié par un jésuite, sous le faux nom de W. Gutherthoma, l’an 1643, il ne prouvait nullement que le livre dont j’avais nié en quelque façon l’existence ait vu le jour ; car ce Munus adventitium ne contient que les injures que M. Voët avait dites dans son premier ouvrage contre M. des Marets. Celui-ci ne répondit à cette satire qu’en l’année 1645. Ce fut sans doute une chose bien désagréable pour lui que d’être dépeint par un jésuite avec les noires couleurs que l’on empruntait de l’ouvrage d’un théologien réformé. Voici ce qu’il en dit dans un livre publié l’an 1652. Quin etiam cum eâdem illi ætate prodiisset in ipsum satira quædam jesuitica sub titulo Muneris adventitii quam author corraserat ex specimine Voetii, et illo autore laudato ac speciminis paginis citatis verbisque recitatis, Maresium describebat et traducebat, tanquàm falsarium, vulneratæ existimationis hominem, scandalosarum scriptionum autorem, heterodoxum, pseudologum, calumniatorem, mendacem, pietati et religioni contumeliosum, pacis ecclesiæ et reip. turbonem, veritate, charitate, et prudentiâ destitutum, etc. (his enim jam elogiis à Voetio fuerat insignitus Maresius priusquâm vel vocula durior inipsum illi excidisset) nihil ei voluit reponere Maresius [3].

(I) Le millénaire Sérarius. Les extraits que je donnerai... seront agréables aux gens de bon sens. ] Pierre Sérarius [4] publia un livre, l’an 1663, où il annonça que la conjonction des planètes au signe du sagittaire présageait de grandes révolutions. Plusieurs autres livres latins et flamands annoncèrent la même nouvelle. M. des Marets réfuta cette prétention dans quelques thèses qu’il fit soutenir. Sérarius écrivit contre ces thèses, ce qui obligea M. des Marets à mettre au jour [5] un ouvrage qu’il intitula, Chiliasmus enervatus,

  1. Touchant son origine, voyez la CDLXIIIe. lettre de Vossius.
  2. Quelques-uns disaient qu’il se nommait Jacques Tirinus ; mais cela est faux : il était mort avant le commencement de cette querelle. Ceux qui me disaient celà se fondaient apparemment sur ce qu’ils trouvaient probable que des Marets, ayant publié deux volumes contre Jacques Tirinus, l’avait irrité.
  3. Sam. Maresius, Auctario primo Biblioth. theol. Gisb. Voëtius, pag. 6.
  4. Je dirai quelque chose de lui à la fin de celle remarque.
  5. L’an 1664.