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MARETS.

Le trône d’Angleterre, où cette cour fut élevée l’an 1689, donne un nouveau lustre à la faveur que ce ministre a continué de posséder, et dont il jouit encore aujourd’hui dans la glorieuse et agréable retraite de Hontslaerdijk. Sa santé ne lui ayant point permis de continuer les fonctions du ministère, il s’est retiré dans cette belle maison, où il prend des soins utiles et agréables à S. M. B. Ces deux messieurs ont eu part à l’édition de la Bible que l’on appelle de des Marets, où le libraire Elzévier n’épargna rien de ce qui concerne la beauté des caractères et du papier. M. des Marets leur père s’engagea de son côté à un grand travail pour orner de notes cette édition, et se fit aider par ses deux fils. J’ajoute qu’ils publièrent [1] l’Histoire curieuse de la vie, de la conduite, et des vrais sentimens du sieur Jean de Labbadie, avec la modeste réfutation de la déclaration en forme de manifeste, publiée par Jean de Labbadie pour justifier ses desseins, ses résolutions schismatiques, qui lui ont attiré une juste déposition.

(G) Je dirai quelque chose de ses ancêtres. ] Ils ont eu des charges considérables en Picardie. Maresii inter suos majores, depenses præfectos, gamachiensesque castellanos, possunt numerare ; nec ita pridem Davidis patruelis, Brestæ in Armoricâ, Sardinio gubernatore, propræfectum egit : Vaucquetiorum verò familia totâ Picardiâ nota est. Verùm in eo potissimùm solet Maresius gloriari, quòd ex parentibus sit ortus piis et probis, ac religioni puriori ἀπὸ βρέϕους addictissimis [2]. Voici les titres et les charges de David des Marets père de Samuel. Pater ei fuit ampliss. et consultissimus David des Marets, dominus du Feret, Avimontii ejusque commendæ prætor sive juridicus ordinarius, baronatus item Chepiensi, sancti Maxentii aliorumque pagorum judex civilis et criminalis ; in regiâ præfecturâ Vimacensi jurisconsultus et causarum actor eximius, et notarius regius, regisque christianissimi, rerum maritimarum in Occiduo Mari commissarius ; eoque nomine : gaudens eâdem immunitate à tributis ordinariis quâ nobiles [3]. Il se maria l’an 1588 avec Madeleine Vaucquet, fille d’un homme considérable, et bien zélé pour l’église réformée [4], et mourut l’an 1649. Sa veuve vivait encore l’an 1654. Lambert des Marets, père de David, fut touché de ce même zèle. Lambertus Davidis pater, civis Blangiacensis honoratus et opulentus, senior fuit in ecclesiâ domesticâ principis Porciani, sub auspicis reformationis [5].

(H) La querelle... qu’il eut avec M. Voetius. ] Elle commença l’an 1642, M. Voétius avait publié des thèses de idololatriâ indirectâ, où il blâmait la conduite des magistrats de Bois-le-Duc, touchant une confrérie de la Vierge, établie dans leur ville depuis quelques siècles. Ils avaient obligé les catholiques romains à y admettre les protestans, après avoir retranché les cérémonies que l’église réformée n’aurait pu souffrir [6]. M. Voétius soutint que les magistrats protestans ne doivent tolérer de semblables confréries, et que les particuliers qui s’y enrôlent font fort mal. M. des Marets, qui était en ce temps-là professeur de l’école illustre de Bois-le-Duc, fut chargé de composer une apologie pour les magistrats qui toléraient la confrérie de la Vierge, et qui s’y enrôlaient. Son ouvrage fut imprimé l’an 1642, sous le titre de Defensio Pietatis et Sinceritatis Optimatum Sylvæducensium, in negotio sodalitatis quæ à B. Virgine nomen habet, testibus veritate et charitate [7]. Bientôt après on vit paraître un livre de M. Voët intitulé, Specimen Assertionum partim ambiguarum aut lubricarum, partim periculosarum, ex tractatu nuperrimè scripto pro sodalitatibus B. Mariæ inter reformatos erigendis aut interpolandis, titulo : Defensio pietatis et sinceritatis, etc.

  1. À la Haye, l’an 1670, in-12.
  2. Vitæ professor. Groning., pag. 134.
  3. Ibidem.
  4. Johannes Vaucquetius Magdalenæ pater, Prætor Sanmauvizii Fontiumque, et juris patrii consultissimus in præfecturâ Vimacensi, atque regius notarius, itidem columen fuit inter suos ecclesiæ reformatæ ; quem Maresius recordatur se admodùm puerum vidisse, venerandâ canitie senem, natum 93 vel 94 annos, integris mentis et corporis viribus sacra nostra frequentantem. Ibidem.
  5. Ibidem.
  6. Voyez la Vie de M. Descartes, composée par M. Baillet, tom. II, pag. 180 et suiv.
  7. C’est un in-quarto.