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MAIMBOURG.

irradiaret, si vir ille bonus ex Tolosenâ, ut sic loquar, eremo in popularem regiæ civitatis, et Aulæ frequentatiorem educeretur [1].

(I) Ses songes l’appliquaient à des théorèmes. ] Voici un fait qui confirme une observation qu’on a vue ci-dessus [2]. Il est d’ailleurs de la nature de ceux dont je parle au commencement de la remarque (E). Rapportons-le donc selon les termes de l’original. Mentem laboribus istis ita feliciter assuefecerat (Maignanus) ut emensa diem studio, in nullan nocturnæ corporeæ quietis partem veniret. Quod rarum aliis, frequentissimum Maignano fuit, ut idem assequeretur somni, et somnii alicujus cruditi initium redeunte mente ad solita sua theoremata, nec absistente donec de illis demonstrationem obtinuisset, cujus inopinata voluptas dormienti sæpé fuit pro suscitabulo. Tum ne illa fulguris al instar emicaret et fugeret, cretam suo sub cervicali recondebat, quâ notulis, quantùm id tenebreæ patiebantur, in paratâ chartâ exaratis eam sisteret [3]. Si mous étions au temps des pointes, nous dirions que c’était un géomètre à qui le bien venait en dormant.

  1. Saguens, in Elogio Emmanueli Maignani, pag. 31, 32.
  2. Tom. IX, pag. 383, dans la remarque (G), num. II, de l’article Lotichius (Pierre).
  3. Saguens, in Elogio Emmanueli Maignani, pag. 47, 48.

MAIMBOURG (Louis) naquit à Nanci, l’an 1610, et se fit jésuite l’an 5626. Il enseigna les humanités pendant six ans, après quoi ses supérieurs l’appliquèrent aux fonctions de prédicateur. Il les exerça dans les principales villes du royaume [a], et je pense qu’il les finit contre la version de Mons. Les réponses que les jansénistes publièrent à ses sermons contre cette traduction, le firent connaître d’une manière un peu désavantageuse. Il fit trois traités de controverse [b], qui ne sont pas mal tournés ; mais il s’acquit encore plus de réputation par plusieurs histoires qu’il publia [c]. Les jansénistes critiquèrent celle de l’Arianisme, et celle des Iconoclastes, et laissèrent passer toutes les autres. Celle qu’il fit du Calvinisme, l’au 1681, lui suscita une rude guerre, dont il laissa toutes les opérations à ses ennemis : il se tint dans l’inaction ; il n’agit point offensivement, et ne se tint point sur la défensive. Il était déjà sorti de chez les jésuites par ordre du général de la compagnie, lorsqu’il publia cette histoire du Calvinisme. La raison qui obligea ce général à le dégrader fut qu’il s’était déclaré trop fièrement pour les doctrines de l’église gallicane, contre celles des ultramontains. Il se relira dans l’abbaye de Saint-Victor [* 1], et il y mourut le 13 d’août 1686 [* 2], après avoir fait un testament qui témoigne qu’il

  1. * Joly dit tenir du père Oudi, que Maimbourg, retiré dans la maison professe des jésuites à Paris, fut sollicité par ses amis de quitter cette maison comme le désirait le pape. Maimbourg se rendit à leurs instances et alla faire part de sa résolution à Louis XIV, qui sur-le-champ fit écrire au provincial, que rien n’empêchait le général de la société d’être pleinement satisfait au sujet du père Maimbourg. Mais à peine celle-ci eut-il quitté le roi, qu’il se repentit de l’offre qu’il avait faite et retourna vers le roi pour se dédire. Louis XIV, choqué de cette versatilité ne voulut pas l’entendre, Maimbourg se retira donc à Saint-Victor,
  2. * Paravicini dit que dans la Continuatio historiæ ecclesiasticæ Hornii, on lit que Maimbourg, occupé par ordre du pape, à écrire une histoire d’un schisme d’Angleterre, pour l’opposer à celle de Burnet, fut frappé de la main de Dieu et suffoqué dans son sang. Sans discuter le fait, Joly qui cite le 4e. (c’est le 41e.) article de la 3e. centurie de Paravicini, observe qu’on ne doit pas trouver extraordinaire de voir un vieillard infirme et exténué de fatigues, mourir subitement.
  1. Tiré de Natanaël Sotuel, Biblioth, societ. Jesu, pag. 567.
  2. Voyez la remarque (D).
  3. Le Supplément de Moréri en donne la liste.