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DICTIONNAIRE
HISTORIQUE ET CRITIQUE
DE PIERRE BAYLE.
M.

MACCIUS (Sébastien), savant humaniste, a fleuri au commencement du XVIIe. siècle. Je n’en parle qu’à l’égard des choses que Moréri a oubliées. Maccius était un homme fort laborieux, et qui composait des vers avec une facilité surprenante. Il en publia un grand nombre. Il s’appliqua si fort à écrire, qu’il se forma un gros creux aux deux doigts dont il se servait pour tenir la plume[a]. Il perdit un fils qui n’avait que dix-huit ans, et qui était déjà docteur [b]. Il n’est pas vrai que ses deux filles aient été religieuses (A). Sa définition de l’histoire enferme une contradiction (B).

  1. Tam multa in scribendo opera fecit, ut in dextere manûs pollice atque indice quâ parte calamus adstringitur, ex assiduâ illius tractatione, duo quasi sulci altè impressi conspicerentur. Nicius Érythræus, pinacoth. I. pag. 278.
  2. Tiré de Nicius Erythræus, ibid.

(A) Il n’est pas vrai que ses deux filles aient été religieuses. ] Afin qu’on voie si l’on peut ajouter foi à M. Moréri, je comparerai sa traduction avec le latin qu’il a traduit. Maccio, dit-il, avait deux filles religieuses qui écrivaient des lettres latines. Il se fonde sur ces paroles de Nicius Érythréus [1] : Ex duabus fœminis ejus quæ monasticam amplexa est disciplinam, epistolæ aliquot latinæ leguntur [2]. Peut-on se fier à un homme qui falsifie si étrangement les choses les plus faciles à bien rapporter ?

(B) Sa définition de l’histoire enferme une contradiction. ] Voyez Vossius[3], qui le nomme Sebastianus Maccius Durentinus. Il fallait dire Durantinus. Maccius était de Chateaudurant. Castri Durantis quod nunc Urbania[4] appellatur ortus [5]. Léandre Albert[6] veut que ce lieu ait été ainsi nommé à cause que Guillaume Durant, auteur du Speculum juris, le fit bâtir pendant qu’il était nonce et trésorier de Martin IV, dans la Romagne.

  1. Et non pas Érithèus, comme dit Moréri.
  2. Nicius Erythræus, pinacoth. I, pag. 279.
  3. Vossius, de Arte historicâ, cap. IV.
  4. Moréri dit Urbenia.
  5. Nicius Erythr., pinacoth. I, pag. 277.
  6. In Descriptione Italiæ, pag. m. 436.

MACCOVIUS, théologien protestant. Cherchez Makowski.

MACÉDO[* 1] (François[a]), une des plus fertiles plumes du XVIIe. siècle, naquit à Conimbre, l’an 1546, et se fit jésuite

  1. * Leclerc dit qu’il s’appelait de Macédo.
  1. Depuis qu’il fut cordelier, il se nomma Franciscus à Sancto Augustino.