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LYSET. LYSIMACHUS.

joignez-y ce qui suit. Il avait un frère aîné surintendant de l’église de Magdebourg. Il était dans la dernière misère à Amsterdam lorsqu’il y faisait imprimer son dernier livre[a], dont le libraire ne lui donna que vingt ducatons : et pendant même sa maladie, il était logé dans un galetas immédiatement sous le toit[b]. Je tiens cela d’un de ses amis qui le visitait souvent.

Je ne dois pas oublier que l’ouvrage de Polygamiâ, qu’il fit imprimer sous le nom de Theophilus Alethœus, l’an 1676, in-8°., fut condamné par un arrêt de Christien V, roi de Dannemarck, et que l’auteur fut banni de tous les états de sa majesté danoise[* 1]. Il y servait en qualité de ministre d’armée. Un théologien danois, nommé Jean Brunsman, réfuta ce livre par un autre qu’il intitula : Monogamia victrix, et qui fut imprimé à Francfort, l’an 1679, in-8°. Lysérus avait publié en allemand un traité polygamique intitulé : das Konigliche Marc aller Lander[c].

  1. * Voyez, tom. VII, pag. 49, l’article Geddicus, remarque (C), citation (12), et la note ajoutée.
  1. Il fut imprimé l’an 1682, sous le titre de Polygamia triumphatrix, in-4°.
  2. ....Quem tegula sola tuetur
    A Pluviâ, molles ubi reddunt ova columbæ.
    Juvenal., sat. III, vs. 201.

  3. Tiré du Ve. tome des Observat. Selectæ, imprimées à Hall, l’an 1702, pag. 42.

LYSET. Voyez Lizet[* 1].

  1. * J’ai ajouté ce renvoi, et mis à leur ordre alphabétique (en suivant le système de Bayle qui ne compte l’Y que comme I) les articles Lysimachus, Lismanin et Lisola.

LYSIMACHUS, précepteur d’Alexandre. Je n’en dirais rien si Amyot avait bien traduit ce que Plutarque en a rapporté (A).

(A) Si Amyot avait bien traduit ce que Plutarque en a rapporté. ] Voici ses paroles[1] : Or y avoit-il autour d’Alexandre, comme l’on peut penser, plusieurs personnes ordonnées pour le dresser et bien nourrir, comme gouverneurs, chambellans, maistres, et précepteurs : mais Leonidas estoit celuy qui avoit la superintendance par dessus tous les autres, homme austere de sa nature, et parent de la roine Olympias : mais quant à luy il hayssoit ce nom de maistre, ou precepteur ; combien que ce soit une belle et honorable charge, à raison de quoy les autres l’appelloient le gouverneur et conducteur d’Alexandre, à cause de la dignité de sa personne, et de ce qu’il estoit parent du prince : mais celuy qui tenoit le lieu, et qui avoit le titre de maistre, estoit un Lysimachus natif du pays d’Arcanie[2], lequel n’avoit rien de bon ny de gentil en soy : mais pource qu’il se nommoit Phœnix, et Alexandre Achilles, et Philippus Peleus, il tenoit le second lieu, après le gouverneur. La faute de cette version consiste en ceci : Amyot déclare que Lysimachus tint le second lieu à cause qu’il s’appelait Phénix, et qu’Alexandre s’appelait Achille, et que Philippe s’appelait Pélée. Cela est absurde ; Plutarque était trop habile pour débiter de semblables causes. Mais voici son sens : il dit que Lysimachus, dépourvu d’ailleurs de politesse, se rendit agréable par les nouveaux noms dont il orna son esprit, et qu’il emprunta d’Homère. Le roi, disait-il, est Pélée ; le prince son fils est Achille, et moi je suis Phénix. Cela était fort capable de chatouiller Alexandre, et de plaire au roi Philippe : c’était réveiller de grands objets. Ce précepteur se fit aimer par cette invention, et ce fut lui qui, après Léonidas, occupa la première place dans la maison du jeune

  1. Amyot, dans la traduction de Plutarque, à la Vie d’Alexandre, chap. II, pag. 142, édition de Paris, chez Pierre Gaillard, 1615, in-8°.
  2. C’est ainsi qu’il y a dans l’édition dont je me sers ; mais je ne doute pas qu’Amyot n’ait dit d’Acarnanie.