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BUDÉ.

autre preuve de cela que ces quatre vers :

Nec voluit vivus fingi pingive Budæus,
Nec vatum moriens quæsit elogia.
Hunc qui tanta sua mentis monumenta reliquit,
Externâ puduit vivere velle manu.


L’auteur, que je cite en note, dit qu’ils sont l’épitaphe de Budé composée par Étienne Pasquier[1].

(R) ....... et qu’en voulant haranguer Charles-Quint, il demeura court. ] Je n’ai lu cela que dans le premier volume du père Abram sur les oraisons de Cicéron. Petrus Messius, libro III variarum lectionum cap. VIII, multa magnorum oratorum exempla corradit, quos initio dicendi perturbatos repente memoria defecit. Ut Demosthenem coram Philippo, Theophrastum coram Areopagitis, Herodem Atticum coram M. Antonino, Heraclidem Lycium coram Severo Augusto, Bartholomæum Socinum coram Alexandro Sexto. Addi potuisset et magnus ille Budæus, qui Carolum V Cæsarem Parisios venientem oratione excepturus repentè obmutuit[2].

(S) Son style...... français était un peu rude. ] « On a trouvé à redire ce qu’il dit au livre de l’Instruction du prince, adressé à François Ier., appelant en l’épître au roi sa manière d’écrire un style de haute lice et resplendissant : outre qu’il était obscur et peu poli, témoin ces mots de la même épître : Je vous requiers de recevoir mon offre avec grand liesse et alacrité, offre d’exigue estimation comparé à vostre hauteur[3]. » Voyez ce que Génebrard et Daniel Augentius disent de lui dans la Bibliothéque de du Verdier.

Ayant consulté l’épître dédicatoire de l’Institution du prince, je n’y ai trouvé quoi que ce soit de ce que Saint-Romuald en allègue. Mon édition est celle que Messire Jean de Luxembourg, abbé d’Ivry, de la Rivou, et de Salmoisy, fit faire dans son abbaye de la Rivou, l’an 1546, in-folio. Notez, en passant, une faute de M. Joly, qui a dit que cet ouvrage ne fut imprimé que sous le règne de Henri II, en 1547, in-folio et in-8o.[4]. Il est d’ailleurs très-certain qu’on peut connaître par l’épître dédicatoire, et par tout le reste du livre, que l’auteur se connaissait en avouant qu’il ne pourrait, ni ne se voudrait bonnement louer.... de savoir la pureté de la diction française,..... et qu’il était bien peu exercité en ce style français[5].

(T) Sa famille fut anoblie à cause de lui. ] « Ses héritiers furent déclarés nobles, par arrêt de la cour des aides, à cause de ses mérites, l’an 1578[6]. » Je crois que le moine qui dit cela n’a point eu de bons mémoires. Voyez ci-dessus la remarque (A).

(U) Il ne voulut jamais...... citer Érasme, et le critiqua sans le nommer. ] Il en fallut venir à des éclaircissemens, qui ne firent pas un trop bon effet. Voyez parmi les lettres d’Érasme celles qu’ils s’entr’écrivirent : il m’a toujours paru qu’Érasme eut plus de modération et d’honnêteté envers Budé, que celui-ci envers Érasme. N’était-ce pas être bien farouche, que de ne vouloir pas accorder la grâce d’une citation ? Id parùm amicæ voluntatis argumentum crediderunt, quòd à Budæo in tot numero libris mentio nusquàm facta sit Erasmi, quanquam ut fieret multis precibus ab Erasmo ambiretur. Prætereà putant id quoque ad ista quæ dixi accedere, quod Budæus dissimulanter Erasmum in suis libris nonnunquàm perstringere videtur, velut in commentariis, quando ridet illos, qui de singularum ingenio et eloquentiâ sententiam ferre audent, qui Laurentio inferiores præscribunt loquendi facultas, qui leviora quædam scripta in vulgus edunt, quæ nec solem nec ætatem ferant[7]. Voyez ci-dessus[8] les vacarmes qu’on fit contre Érasme, sur ce que l’on prétendit qu’il mettait en parallèle Budé et Badius. Je citerai encore un passage, qui témoigne quelles sont

  1. Saint-Romuald, Journal chronologique, sous le 3 d’août.
  2. Nicol. Abramus in Cicer. Orat., tom. I, pag. 409.
  3. Saint-Romuald, Journal chronologique, sous le 3 d’août.
  4. Joly, Codicille d’or, pag. 36.
  5. Budé, dans l’épître dédicatoire de son Institut du prince.
  6. Saint-Romuald, Journal chronologique, sous le 3 d’août. Voyez l’Invent. de l’Histoire journalière, pag. 169.
  7. Lud. Regius, in Vitâ Budæi, pag. 77.
  8. Dans la remarque (E) de l’article Badius, tome 3, pag. 71.