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AUGUSTIN.

une autre réponse qu’on n’attendait pas : c’est celle que dom de Sainte-Marthe s’est vanté d’avoir faite en moins de deux jours ; elle a pour titre : Réflexions sur la Lettre d’un abbé d’Allemagne, etc. [1] ; 10°. que, du consentement de tout le monde, le meilleur ouvrage qui se soit fait jusqu’ici sur l’affaire de l’édition est celui qui a pour titre : Mémoire d’un docteur en théologie, adressé à messeigneurs les prélats de France, sur la réponse d’un théologien des bénédictins à la lettre de l’abbé allemand [2] ; 11°. qu’un homme, plus savant que poli, fit courir un manuscrit contre dom de Sainte-Marthe, et l’intitula : Sainte-Marthe mauvais théologien, et bon janséniste [3] ; qu’au manuscrit du savant succéda le manuscrit de je ne sais quel mélancolique de mauvais goût ; que la pièce avait pour titre : Antimoine pour servir de préservatif contre les calomnies du père de Sainte-Marthe [4] ; et que le manuscrit du mélancolique fut suivi d’un autre, qu’on a attribué à un jésuite ; il est intitulé : Vindiciæ Petavii [5] ; 12°. que dans le livre intitulé : Solution de divers Problèmes, et attribué à M. du Guet, les jansénistes prennent hautement en main la défense des bénédictins [6] ; 13°. qu’il a paru une troisième réponse des bénédictins [7] ; qu’elle est intitulée : Vindiciæ editionis sancti Augustini à PP. BB. adornatæ ; qu’elle a précédé la plupart des écrits dont j’ai fait mention jusqu’ici ; qu’elle n’est presque qu’une traduction de la réponse du père Lamy ; qu’elle est faite sous un nom emprunté, etc. [8].

J’ai vu aussi un ouvrage que l’on attribue à dom Lamy ; c’est une Plainte de l’apologiste des bénédictins à messeigneurs les prélats de France, sur les libelles diffamatoires que l’on répond contre ces religieux, et contre leur édition de saint Augustin : avec une sommation aux auteurs de ces libelles de comparaître devant monseigneur l’archevêque de Paris, et une instruction du procès que l’on fait aux bénédictins sur leur édition de saint Augustin. Tout cela comprend 88 pages in-8o. L’auteur ayant demandé aux prélats le châtiment de ses adversaires, remarque que la difficulté est de savoir qui sont ces esprits inquiets et séditieux, qui ont attaqué les bénédictins [9]. Elle n’est pas si grande qu’on le pourrait croire, ajoute-t-il. Il est vrai qu’ils se gardent bien de se nommer dans leurs libelles ; mais Les RR. PP. jésuites prennent tant de soin de s’en faire honneur dans le monde, et ils se découvrent d’ailleurs par tant d’endroits, dans ces séditieux écrits, qu’on ne peut les y méconnaître, sans prendre plaisir à s’aveugler soi-même. Il propose ensuite ses conjectures, et après quelques considérations générales, il donne quelque chose de plus précis et de plus décisif [10]. « Et déjà, dit-il, pour la lettre de l’abbé allemand, quand ces pères ne s’y seraient pas rendus reconnaissables à l’air, à la voix, à l’accent, aux principes, à la doctrine, c’est un fait qui ne paraît plus aujourd’hui ni contesté, ni désavoué de personne, que c’est le père Langlois, jésuite du collége de Louis-le-Grand, qui en est l’auteur. Et, assurément, ce bon père ne prétendait pas qu’on l’ignorât, puisque le débit de son ouvrage s’est fait même dans son collége, d’une manière assez publique. Pour les autres libelles, comme la lettre de l’abbé commendataire, et celle du moine non réformé, outre qu’on sait encore qu’ils en ont fait des présens dans le monde, et qu’ils y ont fait trophées de leurs prétendues victoires, combien de fois ont-ils pris plaisir à s’y caractériser, à s’y nommer, à s’y faire regarder comme nos parties ! Il est bon, messeigneurs, de vous faire voir sous quelles livrées, et de quelles couleurs ils s’y dépeignent : je ne me servirai que de leurs propres termes : Considérez, dit-on dans ces lettres, ce que font les jésuites, ces gens que

  1. Conduite des Bénédictins, pag. 40.
  2. Pag. 44.
  3. Pag. 47.
  4. Pag. 50.
  5. Pag. 51.
  6. Pag. 67.
  7. C’est sans doute celle dont on avait parlé dans la page 64 en rapportant ces paroles tirées d’une lettre manuscrite de M. Simon au père Martianai : Un bénédictin sommé dom Bernard de Montfaucon...., a fait une vigoureuse réponse à l’abbé allemand, imprimée avec la permission du maître du sacré palais.
  8. Conduite des bénédictins, pag. 68.
  9. Plainte de l’Apologiste des Bénédictins, pag. 10.
  10. Pag. 12.