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AVENTIN.

vait guère que deux mois [a]. Il fut enterré dans l’église de Saint-Hémeran, à Ratisbonne, où son épitaphe lui donne l’éloge de bon catholique [b]. Cependant, par les recherches que les jésuites ont faites, il s’est trouvé qu’il était un bon luthérien caché (H). C’est par-là que ceux de l’église romaine tâchent d’affaiblir le poids de son témoignage contre la conduite des papes, et contre la mauvaise vie des prêtres ; car les protestans ont mille fois allégué les annales d’Aventin, pour montrer les désordres de l’Église. La plupart des autres écrits de cet auteur n’ont pas été imprimés (I). M. Moréri a mal réussi dans cet article (K).

  1. Il avait eu un fils qui était mort.
  2. Tiré de sa Vie, composée par Jérôme Ziéglérus. Elle est à la tête de ses Annales.

(A) Il a fleuri au XVIe. siècle. ] Il naquit l’an 1466, et mourut l’an 1534 : d’où Vossius infère avec beaucoup de raison, que Génebrard s’est trompé, en faisant fleurir cet historien l’an 1366[1]. Le père Gaultier a suivi la faute de Génebrard. Dans l’Épitomé de la Bibliothéque de Gesner, on met faussement la mort d’Aventin à l’an 1529.

(B) Il était fils d’un cabaretier d’Abensperg, dans la Bavière. ] Jérôme Ziéglérus dit que cet homme se nommait Jean Thurmair, et que de là vint que Léonard d’Eckh donna dans une épigramme le nom de Thurniomarus [2] à Jean Aventin[3]. Il ajoute que l’annaliste de Bavière se nomma Aventinus, à cause que l’ancien nom d’Abensperg est Aventinium. L’Empereur Antonin, continue-t-il, la nomme Abusina dans son Itinéraire. M. Bullart n’a pas bien entendu ceci. La ville d’Abensperg, dit-il[4], est assez célèbre en l’histoire romaine, principalement par l’empereur Antonin, qui, dans son Itinéraire, la nomme Aventinium. Cet auteur serait bien embarrassé, si l’on exigeait de lui qu’il prouvât que cette ville est assez célèbre dans l’histoire romaine. Le docte Lambecius ne croyait pas qu’on trouvât qu’elle eût porté d’autre nom que celui d’Abusina, qui lui est donné dans l’Itinéraire d’Antonin ; et c’est pour cela qu’il blâme l’auteur des Annales de ne s’être pas nommé Abusinensis Patria ejus fuit Abusina, undè falsò, cùm se nominare debuisset Abusinensem, cognomine usus est Aventini[5]. Mais ce nom eût-il eu les agrémens de celui d’une des montagnes de Rome ?

(C) Il entreprit de composer les Annales de Bavière. ] Il eut pension pour cela. Il y mit la première main peu avant la mort de l’empereur Maximilien. L’ouvrage comprend sept livres, et s’étend jusqu’à l’année 1533 [* 1], Vossius remarque toutes ces choses. Annales Bojorum libris vii reliquit... Terminatur ejus historia anno ciↄ iↄ xxxiii. Extremis Maximiliani temporibus jam cœperat historiam suam scribere auspiciis et liberalitate fruens Guilielmi et Ludovici Bavariæ Ducum, qui patri suo Alberto successerant anno 1508[6]. Ces Annales ne virent le jour qu’en l’année 1554 [* 2]. Ce fut Jérôme Ziéglérus, professeur en poésie dans l’université d’Ingolstad, qui les publia ; mais, comme il l’avoue lui-même dans la préface, il en ôta les invectives qui regardaient les gens d’église, et plusieurs contes qui ne faisaient rien à l’histoire de Bavière. Multa sine dubio emendâsset (Aventinus), pleraque forsitan mutâsset etiam, si per fata licuisset...... Invectivas quasdam contra ecclesiasticas personas, item fabulosas narrationes nihil quidquam ad historiam facientes, non fraude sed

  1. * Il finit à l’an 1460, dit Leclerc.
  2. * Joly dit que l’auteur en avait publié un Essai en allemand, dès 1522, à Nuremberg.
  1. Vossius, de Histor. Latinis, pag. 655.
  2. Il ne semble pas que l’un de ces noms vienne bien de l’autre. Il y a peut-être dans l’un ou dans l’autre quelque faute d’impression.
  3. Zieglerus, in Vitâ Joannis Aventini.
  4. Bullart, Académie des Sciences, tom. I, pag. 147.
  5. Lambec., Comment. Biblioth. Cæsar., lib. II, cap. VI, pag. 471, in not. margin., num. 2, apud Magirum, Éponymol., pag. 91.
  6. Vossius, de Histor. Latinis, pag. 655.