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AUDIGUIER.

paternelles, qui trépassa cinq jours après son père, en l’âge de quarante-deux ans. Leurs âmes soient entre les bienheureux. »

« Audebertorum, Germani patris et Nicolai filii Tumulus.

« Audebertorum si quis depingere laudes
Cogitet, ille sibi nihilo plus explicet, ac si
Insane sapiens solem illustrare laboret.
Parcendum verbis igitur, vanoque labori.
Su dixisse satis, situs hîc jacet Audebertus,
Et pater, et gnatus patris citò fata secutus.
Nominat hæc quisquis sincerâ nomina linguâ,
Virtutum et laudum gazas simul eruit omnes.
Quas qui nescierit communis luminis expers
Credatur furvis semper vixisse sub antris. »

Ces trois épitaphes se trouvent écrites en lettres d’or sur un marbre noir attaché à la muraille de la galerie du cimetière de l’église de Sainte-Croix d’Orléans, en entrant à main gauche, environ 60 pas dans la galerie. Elles ont été copiées mot à mot sur l’original par une personne fidèle. Ici finit l’extrait de la lettre de M. Graverol. Concluez de ce qui est dit de la charge d’Audebert dans la première de ces épitaphes, que M. Jurieu s’est trompé, lorsqu’il a dit qu’Audebert mourut après avoir passé dans toutes les plus belles charges de la robe[1]. Sainte-Marthe aurait pu lui épargner ce mensonge, car il est expressément remarqué qu’Audebert fut si modeste, qu’il se contenta d’une charge fort au-dessous de son mérite. Nec sibi quidquam, dit-il, de solitâ modestiâ detraxit, contentus eâ quam apud suos jamdudùm exercebat vectigalium indictionumque præfecturâ, humili fortassè illâ et obscurâ, si hominis dignitatem respicias, sed quam eo tantùm animo susceperat, ne nullam reipublicæ partem attigisse, sibique soli vixisse diceretur[2].

(C) Konig a coupé cet auteur en deux. ] Il nous donne un Germanus Audebertus, et un Aurelius Audebertus. Il nous renvoie pour le premier à la page 191 des Éloges de Sainte-Marthe, et il dit du second qu’il a composé trois poëmes en l’année 1603. Scripsit Venetias, Romam, Parthenopen, carmine, A. 1603. Cette date est une nouvelle faute, puisqu’Audebert mourut en l’année 1598. Il est vrai que ces trois poëmes furent imprimés à Hanaw, en 1603 ; mais ce n’était pas la première édition. On peut voir par-là qu’il est moins facile qu’on ne pense de bien composer la Bibliothéque des auteurs. Ceux qui ne connaissent point la chronologie des éditions ni la différence des noms de baptême et des noms de patrie, sont bien sujets à se tromper. Germanus est le nom de baptême d’Audebert ; Aurélius est son nom de patrie. Ce qu’il y a d’admirable, c’est de voir que M. Konig nous renvoie à un auteur qu’il n’avait pas vu lui-même ; car s’il avait pris la peine de jeter les yeux sur l’endroit qu’il cite de Sainte-Marthe, il y aurait vu que Germanus Audebert est celui qui a composé les trois poëmes de Venise, de Rome, et de Naples, Venetias, et Romam, et Parthenopen.….. eâ carminis majestate descripsit. Quand on renvoie son lecteur à quelque livre, il faudrait payer d’exemple, il faudrait y aller soi-même tout le premier.

(D) Sainte-Marthe n’est pas le seul qui ait fait l’éloge d’Audebert. ] Un avocat aux conseils, qui s’est donné en latin le nom de Rodolphus Botereius, a loué magnifiquement Audebert dans son histoire de France[3]. Il n’oublie point les honneurs que le pape et la république de Venise lui firent ; mais au lieu que l’épitaphe attribue à Grégoire XIII l’honneur qu’Audebert reçut de la cour de Rome, il l’attribue à Grégoire XIV. Il dit où l’ambassadeur de Venise conféra la chevalerie de Saint-Marc, et devant quel concours de monde. Gregorius XIV ac Veneti illum civitatis jure et equestris ordinis dignitate donârunt : effusiùs Veneti, qui per oratorem suum in suburbano Tybure gentiliaco, assidente spectaculo et convivio longâ coronâ hominum literatissimorum, Audebertum torque aureo divi Marci insigniverunt.

  1. Jurieu, Apologie pour les réformés, Ire. partie, pag. 145.
  2. Sammarth., in Elogiis.
  3. Botereius, lib. V, pag. 460 et seqq. ad ann. 1598.

AUDIGUIER (N. d’)[* 1], auteur de plusieurs livres (A), qu’on li-

  1. * Son nom de baptême était Vital. Leclerc le dit né vers 1565. Ayant succédé à son père, magistrat royal, (peut-être à Toulouse), il fut le 26 février 1591 attaqué par onze