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ANABAPTISTES.

tres ouvrages, par l’Abstersio accusationum gravium Petri Bontemps, facta per P. V. K. 1643 ; par Confutatio argumentorum quibus P. Bontemps probare conatur Anabaptistas injurios esse in Deum et homines, 1643 ; par Spongia ad abluendas maculas Petri Bontemps contra certam Anabaptistarum sectam ; par Jodoci Henrici Lixivium contra ejusdem maculas ; par Probatio Lixivii D. Bontemps ubi per G. V. V. fides potissimùm authoris et methodus agendi solicitatur [1].

(L) On allègue quelques raisons pour justifier la sévérité des Suisses à leur égard. ] Rapportons ici le précis d’une lettre qui fut écrite le 21 d’août 1642, à M. Hotton, ministre de l’église wallone d’Amsterdam, par M. Breitinger, doyen des ministres de l’église de Zurich. La guerre s’étant allumée presque dans toute l’Europe, l’an 1622, les magistrats de Zurich donnèrent ordre que, conformément à la pratique usitée de tout temps en semblables cas, les habitans du canton s’exerçassent au métier des armes par des revues. Les anabaptistes refusèrent d’obéir, et représentèrent à ceux qui se préparaient à l’obéissance que la guerre doit être considérée comme un châtiment divin, et que c’est par la bonne vie, et non par les armes, qu’il faut défendre l’état. Ils insinuèrent qu’ils aimeraient mieux quitter leur patrie, leurs femmes, leurs enfans, et tous leurs biens, que de repousser par les armes l’ennemi commun. Les bons sujets s’indignèrent de cela à un tel point, qu’ils furent d’avis qu’on exterminât cette secte ; mais les magistrats cherchèrent des expédiens plus doux. Ils chargèrent les plus sages têtes du sénat de régler avec les théologiens les plus modérés ce qu’il y aurait à faire dans cette conjoncture. Ce comité se recommanda avant toutes choses aux prières de toute l’église, et puis voici quelle fut sa première résolution : que l’on n’oublierait rien de tout ce qui paraîtrait propre à guérir les faux scrupules des anabaptistes ; qu’on n’en condamnerait aucun, ni à la mort, ni aux galères, et qu’on ne ferait aucune chose qui ressentît ou la cruauté, ou la précipitation, ou la passion. Après cela il fut jugé à propos de conférer avec eux, et on leur marqua trois endroits où ils auraient à s’assembler, afin d’entendre ce que l’on avait à leur dire. Ils se rendirent à l’assignation : on leur proposa, et de vive voix et par écrit, les principaux points de la foi chrétienne ; ils n’en rejetèrent qu’un, qui était celui des magistratures. Le sénat, après avoir su ce qui se passa dans ces assemblées, manda quelques-uns de leurs chefs. Ils comparurent ; ils exposèrent leurs raisons : on y répondit tranquillement ; mais on ne put rien gagner, et néanmoins on les renvoya avec beaucoup de clémence. Ils ne laissèrent pas de se retirer comme des gens qui avaient peur de quelque supercherie, et ils l’avouèrent le lendemain, lorsqu’on leur demanda pourquoi ils avaient fait paraître qu’ils se défiaient du sauf-conduit que le souverain leur avait expédié. Cette douceur des magistrats déplut beaucoup à plusieurs personnes ; cependant on voulut tenter encore les voies de la modération. On assembla les principaux chefs des anabaptistes : on les assura que, sans exiger qu’ils prétassent le serment selon les formules ordinaires, on se contenterait qu’ils répondissent oui ou non ; qu’on les dispenserait de porter les armes, pourvu que, par leurs prières et par d’autres moyens pieux, ils concourussent au bien public ; et qu’en les engageant à se trouver aux prédications des ministres on ne prétendait pas leur interdire la liberté de désapprouver ce qu’ils jugeraient contraire à la parole de Dieu ; qu’on voulait seulement qu’ils ne critiquassent pas cela avant que d’en avoir conféré, ou avec un de leurs pasteurs, ou avec quelque autre personne ecclésiastique. On finit par des promesses de protection et par des exhortations pathétiques. Mais, quand on vit que ces gens-là ne changeaient point de pensée, on les exhorta bénignement à se retirer ailleurs : on leur permit d’emporter autant de bien qu’il leur en faudrait pour leur subsistance ; on promit la restitution à tous ceux qui, guéris de leurs erreurs, voudraient revenir ; et l’on déclara que les enfans et les femmes qui renonceraient à la secte et ne voudraient pas abandon-

  1. Id. ibid.