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ANABAPTISTES.

de scandale et un affaiblissement de l’état. Mais ils refusent de jurer : voilà une belle affaire ! L’autorité des tribunaux n’en souffre aucun préjudice. Ces gens-là se tiennent aussi liés par la promesse de dire la vérité, que s’ils faisaient des sermens. Toute l’utilité des sermens que l’on fait prêter consiste en ce qu’un homme qui les viole craint un châtiment plus sévère de la part de Dieu, et s’expose à l’infamie, et même à des peines corporelles de la part des hommes. Les mennonites craignent toutes les mêmes choses s’ils mentent après avoir donné leur parole qu’ils diront la vérité : ils sont donc serrés par les mêmes liens que les autres hommes. »

(K) Les livres que l’on a écrits touchant cette secte et contre ses dogmes sont innombrables. ] J’en ai indiqué quelques-uns dans la remarque (C). En voici d’autres. Herman Modée a fait un livre de Initiis Sectæ Anabaptisticæ. André Meshovius a fait en latin l’Histoire des Anabaptistes. Un anonyme a fait en flamand la Succession Anabaptistique, imprimée à Cologne, l’an 1603. Il y a aussi un livre flamand, imprimé l’an 1605, de Origine et Progressu Sectarum inter Anabaptistas. M. Ottius, professeur à Zurich, a fait en latin les Annales de cette secte jusqu’en 1671. Tous ces ouvrages sont mentionnés, ou par Hoornbeek[1], ou par Micrælius [2], ou par Spanheim[3]. Je n’ai point vu qu’ils aient parlé d’un livre que Cassander a indiqué de cette manière : De origine vero hujus Anabaptisticæ sectæ, ejusque progressu, et quæ ex hoc capite monstra quàm varia et absurda, atque inter se pugnantia prodierunt, luculentè, copiosé, summâque cum fide scripsit Nicolaus Blesdick, qui quòd aliquandò hujusmodi errore per imperitiam ætatis deceptus fuerit, eò nunc instructior et vehementior est in iis erroribus refellendis, id quod illi cum B. Augustino commune est[4]. Hoornbeek parle seulement d’une Histoire de David George, composée par Nicolas Blesdik, gendre de ce David, et publiée par Revius[5]. On imprima en français, à Amsterdam, une Histoire des Anabaptistes, l’an 1695, et une plus ample l’an 1700. Ceux qui ont écrit contre eux sont Zuingle, Luther, Calvin, Melanchthon, Œcolampade, Urbain Regius, Juste Menins, Bullinger, Jean Lascus, Guy de Brès, Tallin, Hunnius, Osiander, Cloppenbourg, Spanheim et plusieurs autres qu’il serait trop long de nommer[6]. Mais je n’oublierai pas le livre intitulé Babel, publié l’an 1621, par Herman Faukelius, ministre de Middelbourg, et l’un des pères du synode de Dordrecht. Il montre dans cet ouvrage la diversité énorme de sentimens qui règne parmi les anabaptistes. Ceux-ci lui opposèrent une Confession de foi qu’ils publièrent l’an 1624, à Amsterdam. Ils usèrent aussi de rétorsion ; car ils publièrent une Babel des Pédobaptistes [7]. Antoine Jacob[8] en fut l’auteur. Notez qu’au commencement ils écrivaient peu de livres ; mais enfin ils ont eu divers auteurs, et ils ont donné au public quantité d’ouvrages, les uns didactiques ou historiques, et les autres polémiques. Ils publièrent à Horn, en 1624, une Confession de foi qu’ils munirent de passages de l’Écriture et de quelques autres autorités. Au bout de douze ans ils en publièrent[9] une autre qui faisait voir leur concorde. On a vu des Apologies de leur Confession ; on a vu aussi de leurs Catéchismes et de leurs Manuels de Religion. Ils réfutèrent le Manifeste de Zurich, l’an 1644. Abraham de David[10], l’un d’eux, publia un livre, en la même année, contre un ministre de Haerlem, nommé Bontemps. Il l’intitula, Smegma Hollandicum contra maculas quas P. Bontemps Mennonitis adspersit. Le même ministre fut réfuté par d’au-

  1. In Summâ Controversiarum.
  2. In Syntagmate Histor. Eccl.
  3. In Elencho Controversiar.
  4. Georg. Cassander, epist. dedicator. Tractatûs de Baptismo Infantium.
  5. Hoornbeek, Summa Controversiar., p. 373.
  6. Idem, ibid., pag. 304 ; et Jean Vaget, dans la thèse qu’il soutint à Wittemberg, l’an 1688, de Sectâ Mennonitarum.
  7. C’est-à-dire ceux qui baptisent les enfans.
  8. Ministre anabaptiste et médecin d’Amsterdam.
  9. À Dordrecht.
  10. Il se désigna par ces trois lettres, G. V. V., c’est-à-dire, Gerard Vryburg. Hottingeri Biblioth. Theolog., lib. III, cap. V, pag. 420, 421.