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RUE PRINCIPALE

— Mais oui, monsieur Bernard. La bouteille n’était même pas ouverte.

— C’est moi qui l’ai entrée, dit Marcel, avant d’aller travailler.

— Si c’est d’avoir bu ce lait-là que la malheureuse petite bête est morte, dit Ninette, il aurait bien mieux valu que tu aies trouvé la bouteille renversée, hein Marcel ?

— Comment est-il mort, exactement ?

— Mon Dieu, répliqua Ninette, je ne sais pas comment ça a commencé. Je lui ai versé son lait, je suis allée dans ma chambre mettre mon manteau et mon chapeau, et quand je suis revenue dans la cuisine, je l’ai vu couché, qui remuait les pattes bien vite, et qui poussait de pauvres petits cris de rien du tout. Au bout d’une minute ou deux, les mouvements se sont arrêtés, les cris se sont tus et il n’a plus bougé.

— Évidemment, dit monsieur Bernard, ces symptômes-là sont troublants ; à première vue, le chat a bien l’air d’avoir été empoisonné, mais on ne pourrait pas l’affirmer.

— Non, évidemment, répliqua Marcel, mais s’il l’a été, et s’il l’a été par le lait que lui a donné ma sœur, ça devient grave cette histoire-là ! Parce que, entre nous, si le lait a été empoisonné par quelqu’un, ce n’est sûrement pas à l’intention du chat.

— Heureusement que je n’en ai pas bu, fit Ninette. Regardez, mon verre est là.

— En tout cas, conclut monsieur Bernard, il faut téléphoner à Bob et lui demander de faire analyser ce qui reste de lait dans la bouteille.

***

Il avait été décidé qu’on tiendrait la mort du chat secrète. Sur les conseils de Bob, on ne pré-