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LES LORTIE

Marcel la vit rougir ; il eut conscience de son embarras, il eut le désir de l’en délivrer, et pourtant il ne sut que dire. Ce fut elle qui, la première, trouva une banalité à exprimer :

— Ça va bien ?

— Pas mal, je te remercie.

— Tant mieux, Marcel.

De nouveau le silence tomba entre eux. Cette fois pourtant, ce fut Marcel qui l’empêcha de s’appesantir.

— Et… et toi ?

— Oh ! moi aussi, ça va bien.

— Eh bien, tant mieux.

Une fois encore elle sembla attendre quelque chose ; une fois encore elle fut déçue, sans doute. Marcel sentit qu’elle allait partir, il sentit aussi qu’il ne voulait pas qu’elle parte et qu’il devait, pour la retenir, trouver les mots qu’il fallait dire. Une autre banalité lui vint aux lèvres :

— Tu… tu es pressée ?

— Alors pourquoi as-tu déjà envie de t’en aller ?

— Mais… mais je n’en ai pas envie Marcel.

Seulement ça n’a pas l’air de te faire plaisir de me voir.

— Ça me fait plus que plaisir, Fernande.

Il se leva et :

— Veux-tu que nous marchions jusqu’au petit ruisseau ? demanda-t-il.

— Mais oui, je veux bien.

— Tu n’as pas peur d’être vue avec moi ?

— Moi ? mais non, Marcel, non !

— Tu ne sais donc pas que je suis un bandit ?

On ne t’a pas dit ça ?

— On a essayé de me dire ça, Marcel.

— Essayé ?