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— Ah ! dit l’homme, elle veut devenir pape.

— Retourne, dit la barbue, elle l’est à cette heure. »

Il revint, et quand il arriva, il vit une immense église tout entourée de palais. Il perça la foule du peuple pour y pénétrer. Au dedans, tout était éclairé de mille et mille lumières ; sa femme était revêtue d’or de la tête aux pieds ; elle était assise sur un trône beaucoup plus élevé que l’autre, et portait trois énormes couronnes d’or ; elle était environnée d’une foule de prêtres. A ses côtés étaient placées deux rangées de cierges, dont le plus grand était épais et haut comme la plus haute tour, et le plus petit pareil au plus petit flambeau de cuisine ; tous les empereurs et les rois étaient agenouillés devant elle et baisaient sa mule.

« Femme, dit l’homme en la contemplant, il est donc vrai que te voilà pape ?

— Oui, dit-elle, je suis pape. »

Alors il se plaça devant elle et se mit à la considérer, et il lui semblait qu’il regardait le soleil. Quand il l’eut ainsi contemplée un moment :

« Ah ! femme, dit-il, quelle belle chose que de te voir pape ! »

Mais elle demeurait roide comme une souche et ne bougeait.

Il lui dit : « Femme, tu seras contente mainte-