Page:Baudry - Contes choisis des frères Grimm.djvu/81

Cette page n’a pas encore été corrigée
65

— Bon, dit la femme, si tu ne veux pas être roi, moi je veux être reine. Va trouver ta barbue, je veux être reine.

— Ah ! femme, dit l’homme, pourquoi veux-tu être reine ? Je ne me soucie point de lui dire cela.

— Et pourquoi pas ? dit la femme ; vas-y à l’instant, il faut que je sois reine. »

L’homme y alla, mais il était tout consterné de ce que sa femme voulait être reine. « Cela n’est pas bien, cela n’est vraiment pas bien, pensait-il. Je ne veux pas y aller. » Il y allait pourtant. Quand il approcha de la mer, elle était d’un gris sombre, l’eau bouillonnait du fond à la surface et répandait une odeur fétide. Il s’avança et dit :

Tarare ondin, Tarare ondin,
Petit poisson, gentil fretin,
Mon Isabeau crie et tempête ;
Il en faut bien faire à sa tête.

« Et que veut-elle donc ? dit la barbue.

— Ah ! dit l’homme, elle veut devenir reine.

— Retourne, elle l’est déjà, » dit la barbue.

L’homme partit et, quand il approcha du palais, il vit que le château s’était de beaucoup agrandi et portait une haute tour décorée de magnifiques ornements. Des gardes étaient en sentinelle à la porte, et il y avait là des soldats en foule avec des trompettes et des timbales. Comme il entrait dans l’édifice, il vit de tous côtés le marbre le plus pur enri-

5