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verres sur la table ; c’était, chez lui, lestement gagné, lestement dépensé.

Après avoir voyagé pendant quelque temps, ils arrivèrent à une grande forêt par laquelle passait le chemin de la capitale du royaume. Il fallait choisir entre deux sentiers, l’un offrant une longueur de sept jours, l’autre de deux jours de marche ; mais ils ne savaient ni l’un ni l’autre quel était le plus court. Ils s’assirent sous un chêne et tinrent conseil sur le parti à prendre et sur la quantité de pain qu’il convenait d’emporter. Le cordonnier dit : « On doit toujours pousser la précaution aussi loin que possible ; je prendrai du pain pour sept jours.

— Quoi ! dit le tailleur, traîner sur son dos du pain pour sept jours comme une bête de somme ! À la grâce de Dieu ; je ne m’en embarrasse pas. L’argent que j’ai dans ma poche vaut autant en été qu’en hiver, mais en temps chaud le pain se dessèche et moisit. Mon habit ne va pas plus bas que la cheville, je ne prends pas tant de précautions. Et d’ailleurs, pourquoi ne tomberions-nous pas sur le bon chemin ? Deux jours de pain, c’est bien assez. »

Chacun d’eux fit sa provision, et ils se mirent en route au petit bonheur.

Tout était calme et tranquille dans la forêt comme dans une église. On n’entendait ni le souffle du vent, ni le murmure des ruisseaux, ni le chant des