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faut que le monde tout entier l’apprenne. » Le cœur lui frétillait de joie dans la poitrine comme la queue d’un petit agneau.

Il mit donc sa ceinture et résolut de courir le monde, car sa boutique lui semblait désormais un trop petit théâtre pour sa valeur. Avant de sortir de chez lui, il chercha dans toute la maison s’il n’avait rien à emporter, mais il ne trouva qu’un vieux fromage qu’il mit dans sa poche. Devant sa porte, il y avait un oiseau en cage ; il le mit dans sa poche avec le fromage. Puis il enfila bravement son chemin ; et, comme il était leste et actif, il marcha sans se fatiguer.

Il passa par une montagne au sommet de laquelle était assis un énorme géant qui regardait tranquillement les passants. Le petit tailleur alla droit à lui et lui dit : « Bonjour, camarade ; te voilà assis, tu regardes le monde à tes pieds ? Pour moi, je me suis mis en route et je cherche les aventures. Veux-tu venir avec moi ? »

Le géant lui répondit d’un air de mépris : « Petit drôle ! petit avorton !

— Est-il possible ? » s’écria le petit tailleur ; et, boutonnant son habit, il montra sa ceinture au géant en lui disant : « Lis ceci, tu verras à qui tu as affaire. »

Le géant, qui lut : « Sept d’un coup ! » s’imagina que c’étaient des hommes que le tailleur avait tués,