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la regardait comme une merveille. Elle était blanche comme la neige, rose comme la fleur du pommier, et ses cheveux brillaient comme les rayons du soleil. Quand elle pleurait, ce n’était pas des larmes qui tombaient de ses yeux, mais des perles et des pierres précieuses. Lorsqu’elle fut arrivée à l’âge de quinze ans, le roi fit venir ses trois filles devant son trône. Il aurait fallu voir comme on ouvrait les yeux quand la plus jeune entra ; on croyait assister au lever du soleil. Le roi dit : « Mes filles, je ne sais pas quand viendra mon dernier jour ; je veux régler dès aujourd’hui ce que chacune de vous recevra après ma mort. Vous m’aimez toutes les trois, mais celle de vous qui m’aime le mieux aura aussi la meilleure part. » Chacune dit que c’était elle qui aimait le mieux son père. « Ne pourriez-vous, reprit le roi, m’exprimer combien vous m’aimez ? Je saurai ainsi quels sont vos sentiments. » L’aînée dit : « J’aime mon père comme le sucre le plus délicieux. » La seconde : « J’aime mon père comme le plus beau vêtement. » Mais la plus jeune garda le silence. « Et toi, lui dit son père, comment m’aimes-tu ? — « Je ne sais pas, répondit-elle, et ne puis comparer mon amour à rien. » Mais le père insista pour qu’elle désignât un objet. Enfin elle dit : « Le meilleur mets n’a pas de goût pour moi sans sel ; eh bien ! j’aime mon père comme le sel. » Quand le