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— Si vous le voulez bien, reprit la vieille, cela me fera plaisir. Il y aura pour vous une heure à marcher ; mais que vous importe ? Vous porterez aussi les poires et les pommes. »

Le jeune comte commença un peu à réfléchir quand on lui parla d’une heure de marche ; mais la vieille ne lâcha pas prise : elle attacha le sac à son dos et pendit à ses mains les deux corbeilles. « Vous voyez, dit-elle, cela ne pèse pas.

— Point ; cela pèse beaucoup, reprit le comte en faisant une triste grimace ; votre sac est si lourd qu’on dirait qu’il est rempli de pierres de taille ; et les pommes et les poires sont pesantes comme du plomb ; c’est à peine si je me sens la force de respirer. »

Il avait grande envie de déposer sa charge, mais la vieille ne le permit pas. « Voyez, je vous prie, dit-elle d’un ton moqueur, ce jeune homme ne peut pas porter ce que j’ai traîné souvent, vieille comme je suis. Ils sont tout prêts à vous assister en paroles ; mais, si on en vient au fait, ils ne demandent qu’à s’esquiver. Pourquoi, ajouta-t-elle, restez-vous ainsi à barguigner ? En marche ; personne maintenant ne vous délivrera de ce fardeau. »

Tant que l’on fut en plaine, le jeune homme pouvait y tenir : mais quand ils eurent atteint la montagne et qu’il fallut gravir, quand les pierres roulèrent derrière lui comme si elles eussent été vi-