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courage à filer, à lisser, et à coudre ; et la bénédiction de la bonne vieille la protégeait en toutes choses. On aurait dit que sa provision de lin était inépuisable, et, à mesure qu’elle avait tissé une pièce de toile ou cousu une chemise, il se présentait aussitôt un acheteur qui la payait généreusement ; de telle sorte que non-seulement elle n’était pas dans le besoin, mais elle pouvait encore donner aux pauvres.

Vers le même temps, le fils du roi se mit à parcourir le pays pour chercher femme. Il n’en pouvait pas choisir une pauvre et n’en voulait pas une riche. Aussi disait-il qu’il prendrait celle qui serait à la fois la plus riche et la plus pauvre. En arrivant dans le village où demeurait notre jeune fille, il demanda, comme à son ordinaire, qu’on lui indiquât la plus pauvre et la plus riche de l’endroit. On lui désigna tout de suite la seconde ; quant à la première, lui dit-on, ce devait être la jeune fille qui demeurait dans une chaumière isolée tout au bout du hameau.

Quand le prince passa, la riche était en grande toilette devant sa porte : elle se leva et alla à sa rencontre avec un grand salut. Mais il la regarda et continuant son chemin sans dire un mot, arriva à la chaumière de la pauvre fille : celle-ci n’était pas sur sa porte, mais enfermée dans sa chambre. Il arrêta son cheval et regarda à travers la

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