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IV

conservés ainsi mot pour mot. Ceux qui croient que les traditions se perdent vite, et que la négligence qu’on met à les transmettre empêche qu’elles ne puissent jamais avoir une longue durée, auraient été bien détrompés s’ils avaient entendu notre conteuse, tant elle restait toujours dans les mêmes termes et veillait avec soin à leur exactitude ; jamais, en répétant un conte, elle n’y changeait rien, et, si elle s’était permis une variante, elle se reprenait aussitôt pour la corriger. Les hommes qui vivent toute leur vie de la même façon tiennent bien plus à la tradition que nous ne pouvons nous l’imaginer, nous qui changeons sans cesse. »

Si les frères Grimm, en composant cette collection, ont eu surtout l’érudition en vue, ils n’en ont pas moins réussi à faire un livre charmant, qui n’amuse pas seulement les petits enfants de leur pays. En effet, la littérature légendaire (il y a bien peu de temps qu’on s’en doute) a des mérites tout particuliers. Entièrement spontanée et naïve, elle ne contient aucune de ces prétentions personnelles, de ces exhibitions du moi artistique, de ces digressions philosophiques qui sont le fléau de la littérature de nos jours, et qui ont trouvé le moyen de se glisser jusque dans les contes pour l’enfance.

De plus, tandis que les actualités offrent toujours, par la force des choses, un mélange de bon et de mauvais où le mauvais l’emporte souvent, dans les légen-