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En prenant la chose telle qu’elle est, il faut reconnaître que quand la réaction se fait en présence d’un pareil traitement, c’est qu’on n’a pas pu l’empêcher.

Quoi ! un individu a perdu une grande partie du fluide qui vivifiait son corps et qui transportait la chaleur jusque dans les parties les plus éloignées et les plus intimes ; la respiration, cause de cette chaleur, ne se fait que péniblement ; la circulation du sang est presque suspendue ; la vie lutte contre la mort qui l’étreint, et l’on ajoute à toutes ces difficultés celle de produire de la chaleur pour fondre en pure perte une quantité notable de glace, lorsqu’il en est un si urgent besoin pour ranimer un corps que la vie abandonne ?

Si l’on ne connaît point l’essence de la maladie, si l’on ignore la cause de tous les symptômes qui se produisent, les actions mécaniques et les effets antagonistes sont faciles à comprendre ; et il sera bien préférable d’aider la nature, de frictionner le malade pour rappeler la circulation et exciter la sensibilité de la peau, et de le réchauffer par tous les moyens convenables et possibles.

Ces moyens sont insuffisants sans doute ; ils ne peuvent rétablir le sang dans son état normal et créer de l’albumine ; mais on les a vus quelquefois réussir, et au moins ils n’outragent pas la raison humaine.

On a donné des opiacées aux cholériques, et notamment du laudanum de Sydenham à très haute dose. Ces médicaments n’ont aucune action pendant la période algide ; mais ils empêchent la réaction de se faire, et ils tuent infailliblement les malades, c’est à dire qu’ils sont toujours nuisibles. On a vu certainement le laudanum à petite dose réussir contre des diarrhées, dans une irritation légère ; mais il ne faut pas penser qu’en élevant la dose de ce médicament, il permettra de combattre le choléra : il ne faut pas oublier que le flux cholérique diffère essentiellement de ceux qui forment les autres déjections alvines.

Le choléra, finalement, quelle que soit sa nature, est caractérisé par une diminution rapide de toutes les fonctions organiques, et tout ce qui tend à la favoriser doit être repoussé ; l’opium est dans ce cas, et ce n’est évidemment que par une fausse interprétation d’une loi physiologique que la glace a pu être considérée comme pouvant faciliter la réaction.