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cholériques, aussi bien que les mucosités rendues par l’intestin lors de l’emploi des purgatifs, doivent provenir du sang. Toutefois, il faut reconnaître que des produits solides pouvaient se dissoudre par une réaction analogue à celles que les chimistes classent parmi les fermentations, et s’ajouter à ceux du sang. Telle pouvait être la chair musculaire ; mais encore cette chair est de nature albuminoïde.

Or, les déjections provenant du sang devaient, sous une forme quelconque, renfermer les éléments d’une matière albuminoïde. J’ai donc cru devoir faire une étude spéciale de l’albumine puisée dans les œufs de la poule et dans le sérum du sang humain, afin de la comparer aux produits contenus dans les déjections alvines des cholériques. Ces déjections étant généralement alcalines, j’ai dû expérimenter l’action des alcalis, et spécialement celle des carbonates ou des bi-carbonates qu’elles contiennent.

Une dissolution de bi-carbonate de soude, ajoutée à de l’albumine des œufs filtrée, s’oppose à sa coagulation par la chaleur. Cette liqueur, après le refroidissement, précipite abondamment par l’alcool ; ce qui prouve qu’elle contenait réellement de l’albumine en dissolution et que la chaleur ne l’avait point détruite. C’est bien au bi-carbonate qu’est due cette propriété, car le carbonate simple ne produit pas le même effet ; il n’empêche pas l’albumine de se coaguler par la chaleur, à moins d’en employer un très grand excès, et elle prend une teinte grise foncée, presque noire.

Une dissolution de bi-carbonate de potasse est moins efficace que celle du bi-carbonate de soude pour empêcher la coagulation de l’albumine par la chaleur, et la liqueur prend une teinte brune foncée.

Un mélange de chlorure sodique, de chlorure potassique, d’azotate potassique et de bi-carbonate sodique, dissous dans l’eau distillée, ne s’oppose qu’en partie à la coagulation de l’albumine ; il y a formation d’un coagulum, et la liqueur se trouble, ce qui n’arrive pas avec le bi-carbonate de soude seul.

Si les déjections cholériques filtrées contiennent une matière albuminoïde, et si celle-ci ne se coagule point par la chaleur, cela peut donc être attribué à la présence d’un bi-carbonate alcalin.