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LE CURÉ LABELLE

role, sa vigueur de dialectique, mirent en lumière le côté patriotique et chrétien de la tâche qu’il avait entreprise. On avait reconnu dans ce roi des forêts canadiennes le type véritable du « Franc sans dol et sans peur » tel qu’il s’est conservé sur les rives du Saint-Laurent. Partout il fut accueilli comme un ami et comme un frère, comme le plus digne représentant de la race canadienne et de sa foi profonde. La preuve qu’il fit estimer et aimer son pays, se trouve dans les témoignages de respect dont l’entoura la presse française, toujours prête à déblatérer contre le « gouvernement des curés. » Elle se trouve aussi dans le nombre des émigrants qui s’éleva à plus de mille pendant l’année 1890. Une des plus remarquables conquêtes de M. Labelle fut celle de Dom Benoît, chanoine de Saint-Augustin, écrivain distingué, qui partit avec une colonie de Francs-Comtois et de Suisses, pour fonder une nouvelle paroisse dans le Manitoba.

Il revint à la fin de l’été, satisfait de ce voyage, parce qu’il avait vu se dessiner le courant d’émigration vers son cher pays des prairies et des forêts ; il fit part de sa joie à ses amis de Saint-Jérôme, revint à Québec et se remit au travail avec ardeur. Comme s’il eût eu le pressentiment de sa fin prochaine, il régla les affaires pendantes, mit toutes choses en ordre dans son ministère, et annonça son désir de quitter la vie publique pour rentrer dans sa chère paroisse. Vers le milieu du mois de décembre, il disait à