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LE CURÉ LABELLE

biens enlevés aux Ordres religieux par le régime anglais au xviiie siècle[1].

Tout en s’honorant par cet acte de justice, le gouvernement travaillait d’une manière efficace à la colonisation, car les communautés employèrent cette restitution inattendue à la création de maisons d’éducation nouvelles. C’est ainsi qu’on acheva le grand collège des Jésuites commencé par M. Labelle sur les bords du beau lac Nominingue, au centre de ses chers districts du Nord. Il songeait aussi à faire venir des Trappistes français pour fonder sur les rives du Sacquenay et du lac Saint-Jean une ferme-modèle de cinq mille arpents.

Persuadé que les familles nombreuses sont la plus grande richesse des pays agricoles et le plus ferme soutien de la patrie, il proposa et fit adopter une loi accordant gratuitement cent arpents de terre aux pères et mères de douze enfants vivants. Il se trouva dans la seule province de Québec plus de quinze cents familles ayant droit à cette faveur, et les mères canadiennes bénirent le législateur qui voulait les récompenser.

Toujours dans le but d’encourager ses chers colons, et de peupler les terres nouvelles dont il faisait compléter l’arpentement et la distribution, il demanda et obtint la création d’un ordre

  1. Plus honnêtes que les Français de la République qui prenaient tous les biens ecclésiastiques, les Anglais attendirent la mort du dernier Jésuite pour s’emparer du collège de Québec, par déshérence (1799).