Page:Baudoncourt - Le curé Labelle (1833-1891), 1892.djvu/54

Cette page a été validée par deux contributeurs.
54
LE CURÉ LABELLE

avoir pas pensé plus tôt. Les plus méchants se contentèrent d’insinuer que les conservateurs voulaient « exploiter ce bon fruit, sauf à le jeter quand ils en auraient exprimé tout le suc. »

M. Labelle laissa dire et se mit à travailler à Québec, plus encore qu’il ne l’avait fait à Saint-Jérôme. C’est lui qui organisa le nouveau ministère dans ses détails et en choisit les principaux employés, qui demeurent fidèles à ses traditions. Connaissant parfaitement le fort et le faible des lois sur la colonisation, il employa tous ses efforts à les améliorer et les rendre pratiques. Il acheva la réforme du régime forestier qui était tout à fait favorable aux spéculateurs, mais contraire aux colons sérieux et aux vrais travailleurs. Les marchands de bois ne l’aimaient guère, mais les colons le bénirent ; ils étaient vingt fois plus nombreux que les spéculateurs.

— C’est singulier pour un prêtre d’être ministre ; quel est donc votre programme ?

— Notre programme est bien simple : nous voulons maintenir l’idée chrétienne dans la législation, dans la famille et dans l’école.

— C’est juste le contraire de ce que l’on fait en France.

— Hélas ! oui ; la France verra trop tard peut-être qu’elle se trompait, elle fera alors comme nous.

Voilà pourquoi, sans sortir de sa sphère, il soutint les lois les plus importantes de cette législature, telles que celle de la restitution des