Page:Baudoncourt - Le curé Labelle (1833-1891), 1892.djvu/47

Cette page a été validée par deux contributeurs.
47
LE CURÉ LABELLE

temps. Le blé, le lin, le chanvre, le houblon, les pommes de terre y croissent avec une vigueur remarquable. Tout homme âgé de dix-huit ans a le droit de préemption sur le lot qui l’avoisine, il est facile à une famille nombreuse de se tailler là de grands domaines. Là, il faut un peu plus d’argent pour commencer, mais les résultats sont bien plus prompts et plus considérables. — Vous m’objectez le froid. Certes, oui, notre climat est froid, mais de ce que l’hiver est un peu long, il ne faudrait pas en conclure que nos régions à coloniser sont des succursales de la Sibérie. Le froid sec que nous subissons est plus favorable à la santé et à l’agriculture que les brouillards et pluies fines de l’Europe. À part les raisins, nous avons des fruits de toute espèce, nos pommes ont une réputation universelle et nous en faisons grand commerce. N’ayant presque pas de printemps nous n’en connaissons pas les gelées, la végétation part tout d’un trait et nos productions ont le temps d’arriver à maturité, ce qui est un avantage considérable.

Nos maisons sont construites et disposées de manière à résister au froid. Nous avons à bas prix le bois et la houille nécessaires à chauffer les habitations ; nos forêts sont inépuisables. Nous avons déjà trois mille lieues de chemins de fer livrés à la circulation. Quand les émigrants travaillent et offrent de sérieuses garanties, ils trouvent toujours à emprunter auprès des sociétés de colonisation, créées exprès pour les aider,