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LE CURÉ LABELLE

dans les deux ou trois cents lacs disséminés dans les cinq vallées sont indiqués. Cette carte témoigne d’une étude approfondie des pays et devient un guide sur pour les arrivants.

Le presbytère de Saint-Jérôme est rempli du haut en bas de cartes particulières dont celle-ci n’est que la réduction. Les corridors et les murs en sont tapissés. Rien n’est curieux comme de voir le curé quand il lui arrive — et cela plusieurs fois par jour — un colon en quête d’un lot avantageux. M. Labelle l’interroge sommairement sur ses goûts et ses aptitudes, le promène de carte en carte et lui indique le lot qui lui conviendrait :

— Vous avez une nombreuse famille, disait-il, mon ami, il faut vous mettre au large. Voici trois ou quatre lots vides, prenez celui du milieu ; vous aurez droit de préemption sur ses quatre voisins et en quelques années vous établirez tout votre monde auprès de vous.

— Vous, jeune homme, vous songez à élever du bétail ; voici, au no 15 de la troisième section, un pâturage tout fait, avec un beau ruisseau, un bois d’érable à côté : c’est votre affaire.

— Vos deux fils sont mécaniciens, forgerons, disait-il à une veuve ; prenez donc ce joli pouvoir d’eau à proximité de la route, vous ferez une belle petite forge et une scierie si vous voulez.

— Toi, camarade, je vois que tu aimes la pêche, il ne faut pas aller au lac à la Loutre ; il y a encore deux ou trois portions du lac à la