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LE CURÉ LABELLE

et permettent de l’arroser facilement, creusant la terre pour en reconnaître la qualité, notant soigneusement les chutes ou « pouvoirs d’eau » qui devaient favoriser l’industrie, les grandes forêts d’érables d’où l’on pourrait tirer du sucre et les forêts de pins qui fourniraient les plus beaux bois de construction. Toutes ces notes réunies étaient classées avec soin, elles servaient à dresser des cartes provisoires qui, vérifiées plus tard par les géomètres du gouvernement, se trouvèrent d’une parfaite exactitude. Quand il revenait de ces rudes expéditions avec une soutane en lambeaux, ses paroissiens ne manquaient pas de lui dire : Eh bien, monsieur le curé, qu’avez-vous vu ? Et il se mettait à parler avec une volubilité incroyable des richesses que l’on pourrait tirer de ce pays dédaigné jusqu’alors. On apprend de lui que « la bonne terre » compose plus des deux tiers du sol exploré. Ici terre grise, là terre noire, plus haut terre de sable ou de marne. Le pays tout entier est ondulé, entrecoupé de collines d’accès généralement facile, ayant de cinquante à quatre cents pieds de haut. Incliné vers le Midi, le sol écoule partout les eaux avec une grande facilité, ce qui est un immense avantage pour le cultivateur et épargnerait les travaux d’assainissement ou de drainage qui ruineraient les colons. Le poisson est en telle abondance dans les petits lacs et les rivières, qu’il sera d’une grande ressource pour vivre dans les premiers temps du défrichement.