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LE CURÉ LABELLE

de votre courage. Vous n’avez pas à subir les caprices d’un maître bourru, impitoyable ; vous n’êtes pas l’esclave d’une machine qui se détraque et peut vous broyer au moindre accident, vous n’avez pas à respirer les gaz délétères des mines et de l’industrie, vous n’êtes pas exposé à manquer d’ouvrage et à consommer en quelques jours l’épargne de plusieurs mois. Tout bien considéré, votre travail est moins pénible, moins assujettissant, moins dangereux, et plus rémunérateur. Colons, vous serez libres et atteindrez l’aisance ; ouvriers, vous ne ferez guère d’épargnes et arriverez facilement à la misère. Le choix ne saurait être douteux.

— Sans doute, monsieur le curé, vous nous donnez de bonnes raisons ; mais on nous sollicite de tant de côtés que nous ne savons où aller.

— Eh bien, mes amis, je vous le dirai d’une manière sûre et après avoir vérifié les choses par moi-même.

Une circonstance particulière explique les hésitations des colons et la sollicitude du curé de Saint-Jérôme.

En 1867, le Canada, pour mieux se défendre contre les convoitises des États-Unis, imagina de former une confédération dans laquelle entrèrent peu à peu toutes les colonies anglaises de l’Amérique du Nord. Cette nouvelle confédération, n’étant ni république ni monarchie, s’appela le Dominion ou Puissance du Canada, et son premier soin pour rapprocher les membres dissé-