Page:Baudelaire Les Fleurs du Mal.djvu/334

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Race d’Abel, chauffe ton ventre
À ton foyer patriarcal ;

Race de Caïn, dans ton antre
Tremble de froid, pauvre chacal !

Race d’Abel, aime et pullule !
Ton or fait aussi des petits.

Race de Caïn, cœur qui brûle,
Prends garde à ces grands appétits.

Race d’Abel, tu crois et broutes
Comme les punaises des bois !

Race de Caïn, sur les routes
Traîne ta famille aux abois.


II


Ah ! race d’Abel, ta charogne
Engraissera le sol fumant !

Race de Caïn, ta besogne
N’est pas faite suffisamment ;