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IX

CONCLUSION


Ces longues rêveries, ces tableaux poétiques, malgré leur caractère symbolique général, illustrent mieux, pour un lecteur intelligent, le caractère moral de notre auteur, que ne le feraient désormais des anecdotes ou des notes biographiques. Dans la dernière partie des Suspiria, il fait encore comme avec plaisir un retour vers les années déjà si lointaines, et ce qui est vraiment précieux, là comme ailleurs, ce n’est pas le fait, mais le commentaire, commentaire souvent noir, amer, désolé ; pensée solitaire, qui aspire à s’envoler loin de ce sol et loin du théâtre des luttes humaines ; grands coups d’aile vers le ciel ; monologue d’une âme qui fut toujours trop facile à blesser. Ici comme dans les parties déjà analysées, cette pensée est le thyrse dont il a si plaisamment parlé, avec la candeur d’un vagabond qui se connaît bien. Le sujet n’a pas d’autre valeur que celle d’un bâton sec et nu ; mais les rubans, les pampres et les fleurs peuvent être, par leurs entrelacements folâtres, une richesse précieuse pour les yeux. La pensée de De Quincey n’est pas seulement sinueuse ;