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hauteur de votre espérance. Cela suffit pour vous jeter dès le commencement dans un état anxieux, assez favorable à l’humeur conquérante et envahissante du poison. La plupart des novices, au premier degré d’initiation, se plaignent de la lenteur des effets ; ils les attendent avec une impatience puérile, et, la drogue n’agissant pas assez vite à leur gré, ils se livrent à des fanfaronnades d’incrédulité qui sont fort réjouissantes pour les vieux initiés qui savent comment le haschisch se gouverne. Les premières atteintes, comme les symptômes d’un orage longtemps indécis, apparaissent et se multiplient au sein même de cette incrédulité. C’est d’abord une certaine hilarité, saugrenue, irrésistible, qui s’empare de vous. Ces accès de gaieté non motivée, dont vous êtes presque honteux, se reproduisent fréquemment et coupent des intervalles de stupeur pendant lesquels vous cherchez en vain à vous recueillir. Les mots les plus simples, les idées les plus triviales prennent une physionomie bizarre et nouvelle ; vous vous étonnez même de les avoir jusqu’à présent trouvés si simples. Des ressemblances et des rapprochements incongrus, impossibles à prévoir, des jeux de mots interminables, des ébauches de comique, jaillissent continuellement de votre cerveau. Le démon vous a envahi ; il est inutile de regimber contre cette hilarité, douloureuse comme un chatouillement. De temps en temps vous riez de vous-même, de votre niaiserie et de votre folie, et vos camarades, si vous en avez, rient également de votre état et du leur ; mais,