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VI
AVERTISSEMENT.

encore attestée par des lettres où Poulet-Malassis déclare l’avoir lui-même placé dans la malle de son ami, lors du retour de Bruxelles. Si l’on tient compte en outre que les écrivains priés d’établir le texte définitif s’appelaient Banville et Asselineau, deux hommes d’une probité littéraire indiscutable et qui, à l’envi, chérissaient et honoraient la mémoire du poète, on conviendra qu’il y a de grandes présomptions — les plus fortes vraiment — pour qu’ils ne se soient pas permis de retoucher leur auteur et, par conséquent, pour que les variantes de 1868 appartiennent à Baudelaire lui-même. Aussi bien n’a-t-on jamais produit d’argument sérieux pour le contester. Enfin l’examen attentif de ces variantes les démontre excellentes ; il arrive même qu’elles apportent une correction nécessaire. Il convenait donc de les retenir, quitte à en contrôler les endroits suspects en s’aidant de la leçon antérieure.

Les retranchements que nous avons cru devoir opérer dans le texte de 1868 tirent leur justification, pour le sonnet À Théodore de Banville et Le Calumet de Paix, du parasitisme évident de ces deux morceaux, pièces tout occasionnelles.

Quant aux Épaves, contrairement à tout ce qu’on a pu écrire, et même les plus récents scoliastes, il est très certain que le recueil en est l’œuvre de Baudelaire lui-même, ainsi que les notes qu’on y trouve : nous avons vu de nos yeux et tenu entre nos mains l’exemplaire de préparation, pour grande partie manuscrit. D’autre part, il résulte des lettres inédites de Poulet-Malassis à Charles Asselineau, dont nous avons déjà parlé, que la volonté formelle du poète était que jamais aucune des pièces qu’il avait fait entrer