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L’effet de la justice est de maintenir la somme totale des biens. C’est le premier besoin de l’espece humaine en général et le premier devoir de chaque homme en particulier. Car il faut que quelque créature humaine souffre ou meure quand on retranche quelqu’un des objets de jouissances.

Donc à considérer les hommes suivant le mérite ou la moralité de leurs actions ; il y en a qui concourent simplement à l’entretien de la masse des biens actuellement existants : il y en a qui concourent à l’accroissement continuel et progressif de cette masse ; il y en a malheureusement qui concourent à sa diminution, qui détruisent, qui usurpent, qui empêchent.

Les premiers sont justes, les seconds sont bienfaisants, les autres sont crimi[38]nels. C’est-là ce que tout homme doit trouver écrit dans son ame.


Article. II.
Analyse politique.


Après s’être ainsi rappellé l’idée claire et précise du mérite morale des hommes et de leurs actions en général ; quand on veut l’appliquer en détail, il faut partager en trois classes tous les hommes qui composent le peuple le plus innombrable d’un etat policé.

Ces trois classes sont relatives aux trois sortes d’arts qui caractérisent les sociétés policées.

Ainsi les hommes occupés aux travaux de l’art social forment la premiere classe. Les hommes occupés aux travaux de l’art productif forment la seconde. Les hommes occupés aux travaux de l’art stérile forment la troisieme. Je range les trois classes suivant [39] l’ordre de leur causalité ; c’est-à-dire, suivant l’ordre de l’influence ou de l’efficacité des travaux de l’une sur les travaux de l’autre, et sur les fruits de ces travaux.

Je commence par analyser simplement ces trois classes, pour expliquer ensuite le plus clairement que je pourrai, comment dans chaque division des trois classes, les hommes peuvent, ou être justes, ou exercer la bienfaisance, ou se rendre coupables de délit.