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Mais les productions employées par l’art fécond ou productif servent au contraire immédiatement à la réproduction, à la multiplication des dons de la nature, et ce n’est que dans leur postérité, s’il est permis de s’exprimer ainsi, qu’elles servent médiatement à toute autre espece de jouissance.


No. IV.
Des subsistances et des matieres premieres.


Telle est la loi de la nature, que les objets propres à nos jouissances périssent tôt ou tard, par l’usage même que nous en faisons. C’est ce qu’on appelle consommation.

Mais il est aisé de voir que les uns sont de consommation subite, totale et momentanée : les autres de consommation lente, partielle et successive.

Nos aliments, nos boissons, les ma[12]tieres que nous brulons pour divers usages sont de la premiere espece. Nos habitations, nos meubles, nos vêtements sont de la seconde.

La premiere s’appelle donc, pour abréger, les subsistances : la seconde s’appelle, dans l’état brut ou de simplicité primitive, les matieres premieres des ouvrages de l’art, et pour l’ordinaire, en deux mots, matieres premieres.

Ainsi tous les êtres physiques quelconques existants dans l’empire le plus vaste et le plus florissant se réduisent, par une analyse bien simple et bien naturelle, en subsistances des êtres vivants, et en matieres premieres des ouvrages de l’art.

Quand on considere cette masse générale des subsistances et des matieres premieres dans l’état de simplicité primitive, telle que l’art fécond ou productif la reçoit chaque année des mains de la nature ; on l’appelle la réproduction [13] totale annuelle de l’état, ou simplement la réproduction.

C’est pourquoi, dans le langage économique, le mot réproduction signifie l’assemblage universel des subsistances et des matieres premieres, dont une partie doit être consommée subitement par les êtres vivants, l’autre usée lentement après avoir été plus ou moins façonnée.