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De là naissent évidemment les idées de justice, de crime ou délit, et de bienfaisance par essence.

Ne pas empêcher la conservation et le bien-être des autres hommes, c’est justice.

Les empêcher, c’est crime ou délit.

Au contraire, les procurer, c’est bienfaisance.

Et ce, par l’ordre éternel, immuable, irrésistible de la nature et de son auteur suprême, indépendamment de tout ce que les hommes peuvent faire, dire ou penser ; et ce avant toute convention humaine, tout pacte, toute société ; et ce dans tous les cas, dans tous les lieux, dans toutes les circonstances.

Voilà le droit naturel et la philosophie morale, qui sont d’une certitude supérieure à tout.



N° II.
La loi sociale et le droit des gens.


1° La conservation et le bien-être de l’espece humaine et de chacun des individus qui la composent, dépendent des jouissances utiles ou agréables.

2° Ces jouissances utiles ou agréables sont attachées à l’usage des productions naturelles plus ou moins façonnées par l’art.

Donc la bienfaisance consiste à multiplier les productions naturelles, et à perfectionner les arts qui les rendent propres aux jouissances utiles ou agréables, qui font la conservation, le bien-être des individus, la propagation et la prospérité de l’espece.

Donc la justice consiste à ne pas diminuer la masse de ces productions naturelles, à ne pas empêcher son accroissement, à ne pas détériorer l’art qui les rend propres aux jouissances, à ne pas empêcher sa perfection progressive et continuelle.

Donc le crime ou le délit consiste à diminuer cette masse de productions, à empêcher son accroissement, à détériorer l’art, à empêcher sa perfection.

Voilà la loi sociale et le droit des gens de par la nature, et son ordre évident.