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Quoi qu’il en soit, depuis plus d’un siècle, Bellevue servait de maison de campagne et même, en ces derniers temps, de résidence unique au gouverneur, quand brusquement, pendant la guerre de 1914-1918, on procéda à sa démolition, à cause, a-t-on dit alors, de son état de vétusté… L’on pense malgré soi à « l’ordre verbal » auquel n’obéit pas de Caylus quand il s’agissait de détruire le logement du gouverneur de Blénac à Saint-Pierre en 1694[1]… Détail curieux, le prétexte aurait été alors de se servir des bois de démolition pour la charpente des magasins et voici que les bois du palais de Bellevue vétustes, disait-on, ont été utilisés pour de solides travaux, pour des constructions au Bassin de Radoub et au Pensionnat Colonial.

Avant hier, caprice, hier, crainte peut-être d’un boulet allemand… curieuse destinée des choses et des immeubles domaniaux !

Peu de temps après, deux fractions importantes du terrain de Bellevue à droite et à gauche de la route coloniale ont été morcelées et vendues aux enchères publiques. Elles sont maintenant couvertes de constructions importantes.

L’emplacement du Palais et de ses dépendances est disponible.

Une quatrième fraction du terrain a été affecté au Lycée Schœlcher qui y est très bien installé et auquel donne accès une voie large nouvellement ouverte, de la rivière Levassor à la route coloniale, en passant devant l’ancien abattoir de l’État, le dépôt des immigrants, créé en 1861 et détruit récemment et l’ancienne citerne des sapeurs devenu à un moment donné, un dépôt de combustibles.

Sur le domaine de Bellevue existait une très grande piscine.

De la rue Ernest Deproge l’on accède à la route de Bellevue par un beau pont.

Ce pont a remplacé le bac qui reliait la ville à l’autre rive, le légendaire bac Boyer, du nom du bon vieillard que

  1. Voir ci-dessus n° 12.