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Devant le Fort s’étend la « Savanne »[1] ou la Savane qu’on a aussi appelée Place d’Armes[2], champ de manœuvres[3], Esplanade[4].

Sa superficie est de 5 hectares, 44 ares, 50 centiares.

Elle a toujours appartenu à l’État qui la loue à la Municipalité. Maintenant elle sert presqu’uniquement de place publique, de lieu de promenade et de terrain de sport.

Les droits de l’État sur la Savane, contestés naguère par la Commune, ont été reconnus et confirmés à la suite d’une instance. Un jugement du Tribunal de Fort-de-France du 16 Mars 1878 a déclaré, en effet, que « la place de la Savane dans toute son étendue fait partie intégrante du domaine public national comme destiné de tout temps à servir d’Esplanade au Fort Saint-Louis, dont elle est l’annexe. » Un arrêt de la Cour d’Appel de la Martinique du 13 Mai 1879 a adopté les motifs des premiers juges et a repoussé les conclusions subsidiaires de la Ville de Fort-de-France tendant à faire déclarer que les allées de la Savane sont sa propriété. La Cour de Cassation a confirmé l’arrêt de la Cour d’Appel[5].

Dans les premiers temps, la partie Nord-Est notamment, était couverte de marais, de roseaux et d’eaux croupissantes. Dans une lettre du Vicomte de Damas, Gouverneur Général, du 1er  Mars 1785, il est fait mention du « comblement de la savane servant de place d’armes dans la ville de Fort Royal et du dessèchement du marais dont la place nommée la Savane est composée[6] ».

C’est sur la Savane que le Gouverneur Général de Baas établit un « jardin du Roi », sorte de pépinière où il tenta

  1. C’est l’orthographe employée dans un mémoire du baron Tascher de la Pagerie du 20 avril 1774. Archives ministère Colonies n° 334.
  2. Lettre du comte de Damas du 1er  mars 1785, où on lit que la Savanne servait de place d’armes. Archives Ministère colonies n° 437.
  3. Le champ de manœuvres est indiqué dans un tableau du 21 mai 1855, Archives Ministère colonies n° 1318.
  4. Le mot Esplanade est employé dans le plan de Blénac du 15 décembre 1671 ci-dessus cité (Archives Ministère Colonies n°27), dans deux arrêtés du Gouverneur Donzelot des 7 mars 1821 et 29 janvier 1825, et dans le jugement du tribunal de Fort-de-France, du 16 mars 1878 ci-après rapporté.
  5. Archives municipales de Fort-de-France, communiquées par M. Paul Nays, chef des services municipaux.
  6. Arch. Min. Col. n° 437.