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POUR moi, si je faisois des satyres, je ne me bornerois pas à prêter à ces sortes de personnages des discours brusques & grossiers. Je m’éloignerois du ton tragique ; mais de maniere qu’il y eût encore quelque différence entre ce que sait dire Davus, ou l’effrontée Pythias, lorsqu’elle excroque à Simon un talent, & ce que dit un Silène, serviteur & nourricier de Bacchus. Je prendrois pour modele un familier si simple, que chacun se croiroit capable d’en faire autant : & si on osoit l’entreprendre, on sueroit beaucoup, & peut-être sans succès : tant la suite & la liaison donnent de relief aux choses les plus communes. En un mot, selon moi, les Satyres qui sortent des forêts, ne doivent point dire de choses fines & délicates, comme s’ils étoient nés au milieu des villes, ou parmi des hommes polis. Ils ne doivent pas non plus vomir des grossieretés, ni des ordures : & si la canaille qui vit de noix & de pois chiches, les