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une pareille image ? Tenez, c’est abominable !

FRÉDÉRIQUE.

Que je meure si je mens !

JULIEN.

Oui, Éveline, elle a dit la vérité. Une femme admirable et digne de tous les respects !

ÉVELINE, (exaspérée de cette unique et inlassable défense de Frédérique, qui sort de la bouche de Julien.)

Car c’est propre, en effet, ce que vous avez osé vis-à-vis du mari, vis-à-vis de moi !… Vous avez raison de parler de l’admiration qui vous est due à tous les deux !… Car j’oubliais même que je vivais de votre argent… que nous en vivions, depuis des années !…

JULIEN.

Ça n’est pas vrai !

ÉVELINE, (s’indignant à mesure, d’argument en argument.)

Et quand je songe que, tout à l’heure encore, tout naïvement, je vous racontais les progrès du petit ménage… que vous m’offriez de l’argent pour mes emplettes, oui, mon cher, pour mes chapeaux, et « sans le dire à Julien surtout » sans le dire à Julien ! Le pauvre garçon, il aurait trouvé cela indélicat ! Ah ! tenez, c’est à vous lever le cœur ! Si je n’ai pas le courage, après ça, de m’en sortir, eh bien, vraiment, c’est que je ne suis pas digne d’être roulée par vous !…

FRÉDÉRIQUE.

Je vous en supplie, ne perdez pas votre vie à