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JULIEN, (froid, continuant de tracer quelques barres au crayon, sur la table.)

Pardon, mon cher, je vous arrête tout de suite… Venez-vous de sa part pour me rappeler que je n’ai pas d’usages… Dans ce cas je vous avertis…

DASTUGUE.

Mon petit, ne le prenez pas sur ce ton. Je vous jure que c’est amicalement, affectueusement, que je viens.

(Il essaie de lui prendre la main.)
JULIEN.

Si c’est dans l’espoir d’une dernière reprise, votre intervention restera inutile… Deux fois j’avais rompu : en octobre dernier, nous avions par faiblesse repris nos relations. Ma décision est cette fois irrévocable… (Il lui tend son porte-cigarettes ouvert.) Cigarette, Dastugue ?

DASTUGUE.

Vous ne la connaissez pas, mon cher ; je vous assure que c’est une femme dont le sincère attachement ne peut être mis en doute… Oui, je sais que vous avez fait pour elle de gros sacrifices et que vous avez peut-être conclu à un attachement intéressé… eh bien…

JULIEN.

Pardon… là encore, je vous arrête… J’ai fait, autrefois, je le reconnais, pour cet être de luxe, quelques folies de jeunesse… Vous le savez, puisque vous avez été un de ceux auxquels, à un moment angoissé de ma vie, j’ai cru devoir m’adresser.

DASTUGUE.

Et croyez, mon cher, que si je vous ai refusé