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mes braves gens !… Je n’interviendrai à aucun titre. Cela jamais, jamais… Voulez-vous que je vous le répète une troisième fois, j’y suis prête !

BOCQUET.

Oh ! Madame… ne vous emportez pas !… (Il se lève, désolé, mais poli.) Nous n’avons pas l’intention d’insister le moins du monde ou de vous importuner… Viens, mon amie…

MADAME BOCQUET, (se lève à son tour.)

Il n’y a vraiment pas de quoi vous mettre en colère, Madame. Depuis quelques jours, mon mari et moi, nous vivons comme des corps sans âme ! Dans notre désespoir, excusez-moi de m’être souvenue de vous… de l’affection que vous avez éprouvée pour mon garçon !… (La douleur a aussi donné à cette voix autrefois revêche un accent humble et doux.) Songez donc que vous lui auriez dit simplement : « Julien, il ne faut pas faire cela, mon ami,… il faut essayer de vous sortir de là, Julien… Restez avec votre femme… » Je le connais, il se serait troublé !… Je suis certaine que son cœur vous aurait entendue, vous !… (Et dans ce vous il y a encore tout un monde de regrets.) Ah ! vous n’auriez pas eu à le dire deux fois, vous !… Tant pis ! Mais peut-être penserez-vous un jour, quand vous saurez que ce malheureux garçon est définitivement perdu, que vous auriez pu tout de même prononcer le mot qui l’aurait sauvé, empêché de partir… parce que… (Elle hésite.), s’il en est arrivé là, eh bien… c’est qu’il n’avait jamais pu vous faire sortir de son cœur !… Ça, tout de même, il fallait vous le dire !… »

BOCQUET, (inquiet, lui prenant la main.)

Non, non, viens, ma bonne amie… N’insiste pas ! J’espère que Madame ne nous en voudra