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directeur de conscience que je dois ma défaite, que…

FRÉDÉRIQUE.

Ne le croyez pas ! Sans l’abbé Loyer qui a l’esprit si juste, si élevé, vous ne seriez pas ici à mes côtés… Il a été plus indulgent devant ma douleur que je ne l’étais moi-même. Cent fois il m’a répété : « Luttez… tâchez de lutter contre cette affection. Mais la tache est dans la faute, elle n’est pas dans le sentiment. C’est déjà très beau que de sortir victorieuse d’un pareil combat. » N’est-ce pas que c’est le langage d’un brave homme ?

JULIEN.

Ou d’un homme habile.

FRÉDÉRIQUE.

Oh ! la religion doit être humaine, voyez-vous, sans quoi… sans quoi… (Elle pousse un gros soupir.) on ne pourrait pas !…

JULIEN, (sur le ton ironique des gens qui n’ont pas reçu d’éducation religieuse.)

Je ne connais rien à ces subtilités spéciales !… J’estime que vous êtes aussi coupable du sentiment que vous le seriez de la faute…

FRÉDÉRIQUE.

Vous n’entendez rien, mon ami, à la religion… Elle ne dit pas cela… J’ai peut-être tort de vous aimer, mais je ne suis pas coupable du péché mortel…

JULIEN.

Aux yeux des hommes, la complaisance morale est pire.

FRÉDÉRIQUE.

Alors, c’est que les hommes n’ont pas la cons-