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BOUGUET, (frappant de la main libre sur le bras du fauteuil.)

Non !… Ici !… Obéis ! Obéis donc ! La mort ne m’effraie pas… C’est théorique, la mort ! Mets-toi là… proche… Voici ce que j’exige de toi. (Elle retient ses sanglots.) Que je vive ou que je meure, voici ma volonté… (Gravement.) Il faut que tu les laisses entièrement tranquilles !… que tu ne les revoies jamais… même dans l’avenir, même dans cinq, huit, dix ans… Tu entends, il faut t’en aller… pour toujours !…

EDWIGE, (retrouvant ses larmes puériles.)

Bien sûr, c’est entendu… mais je ne sais même pas ce que vous me demandez !… Je vais retourner en Hongrie dès cette semaine… Qu’importe moi ! Mais ce que vous me dites de vous ! C’est impossible !… Une pareille chose ne peut pas être !…

BOUGUET, (répétant.)

Dès demain, tu partiras…

EDWIGE.

Dès demain… si vous voulez !… Oui…

BOUGUET.

Même si, dans l’avenir, Blondel te rappelait… sait-on !… tu n’accepterais pas.

EDWIGE, (avec un réveil de tout l’être.)

Quelle horreur !… Cet homme qui vous a étendu là, tout sanglant !…

BOUGUET, (poursuivant.)

Si je mourais, j’ai mis dans mon testament…

EDWIGE.

Cette torture ! Cette torture !