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tracté, vous êtes toute pâle… comme si vous aviez eu une frayeur…

MADAME BOUGUET.

Vous voyez cela dans l’obscurité ?

BLONDEL.

Je le vois… je le sens…

MADAME BOUGUET.

La fatigue nous gagne. Nous sommes épuisés. Allons congédier tout le monde… Mais venez donc !

BLONDEL, (ne cessant de l’observer.)

Non, je n’irai pas. C’est vous qui allez venir ici.

MADAME BOUGUET.

Qu’est-ce qui vous prend ? Vous n’aviez jamais osé me parler sur ce ton…

BLONDEL.

Je veux que nous restions ici. Continuons à parler à voix très basse. Vous là, moi là ; vous, tournant le dos à la maison, à la porte… et moi, moi…

MADAME BOUGUET, (essayant de se dégager mais la voix fléchissante.)

Je crois que vous perdez la tête, Blondel !

BLONDEL, (il la place derrière l’arbre.)

Il y a l’un de nous deux qui est certainement plus ému que l’autre. Lequel ? Lequel ?…

MADAME BOUGUET.

Je ne sais pas ce que vous voulez dire ! Je me soumets à votre fantaisie…

BLONDEL.

Mais ne vous retournez donc pas comme cela tout le temps !… Parlons, vous dis-je… Ou plutôt, non, taisez-vous, donnez-moi votre main, sim-