Page:Bataille - Théâtre complet, Tome 9, 1922.djvu/119

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

BOUGUET.

Laquelle ? Pourquoi t’arrêtes-tu ?

EDWIGE.

Ah ! vous me devinez !

BOUGUET, (vivement.)

Voyons, Edwige, ce n’est pas vrai, tu mens en ce moment-ci, car je sens bien que tu commences à aimer ton mari. (Elle secoue la tête.) Si, si, tu l’aimes déjà ! Tu as beau dire, tu ne le sais pas toi-même, mais moi je le devine… j’ai la joie de le découvrir… L’autre jour, tu t’es mise en colère, tu l’as défendu à propos d’une futilité, avec de la véhémence que j’ai trouvée charmante.

EDWIGE.

Ce n’est pas l’amour !

BOUGUET, (s’animant comme pour se persuader lui-même.)

Et comme il t’aime, lui ! Quel plaisir à voir la bonne candeur de ses yeux, la sollicitude joviale dont il t’entoure, sa transformation, car il est transformé depuis…

EDWIGE.

Taisez-vous ! taisez-vous ! (Elle lui prend la main, il la retire.) Permettez que j’appuie ma tête sans rien dire sur votre épaule…

BOUGUET.

Allons, Edwige ! Pas de mots d’enfant gâtée ! Une plus noble attitude ! Plus de ces faiblesses d’adolescente. C’est exact, je pourrais, je devrais te dire, peut-être, de temps en temps, le mot qui fouetterait ta volonté et qui rassurerait tes émois.

EDWIGE.

Ah ! vous le reconnaissez !…