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HENRIETTE.

Rien n’est plus pénible pour une jeune fille que de se sentir embrassée par un vieux. C’est une répulsion instinctive chez moi. D’ailleurs, je te dis ça sur le moment, mais n’y attache pas autrement d’importance… je t’en prie… Alors la princesse désire me voir ?

HONORINE.

Une seconde, oui.

HENRIETTE, (ramasse son éventail.)

J’y vais !…

(Elle sort rapidement par la porte du fond. Honorine reste seule, droite, appuyée au dossier d’un grand fauteuil, près de la vasque. Au bout de quelques secondes à peine, Jussieux, qui guettait probablement à la porte de droite, rentre précipitamment.)
JUSSIEUX.

Il faut absolument que je vous explique.

HONORINE, (sans bouger.)

Allez-vous-en… Allez-vous-en… Je ne veux plus vous revoir.

JUSSIEUX.

N’allez pas imaginer que j’aie tenté auprès de cette enfant une caresse indigne… Elle jouait à vous ressembler… une sorte de vertige m’a pris… Je me suis cru reporté à autrefois…

HONORINE.

L’excuse que vous vous cherchez ne fait que me meurtrir encore plus… Elle me montre ce qu’il y avait d’insensé dans le rêve de rapprochement que j’avais fait !…

JUSSIEUX.

Vous reviviez devant mes yeux… Il y a entre