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Il n’y avait qu’à les faire envoyer… surtout que j’ai le cœur à les regarder, oui !… Je viens d’avoir une scène avec ma fille… abominable !… ah ! j’en ai par-dessus la tête !… ce que la vie va être gaie maintenant pour toutes deux !

MADAME DE CHEVRIGNY.

Vous avez peut-être eu tort de provoquer une discussion. Il valait mieux nous en remettre le soin.

HONORINE.

Un peu plus tôt, un peu plus tard.

MADAME DE CHEVRIGNY.

Écoutez… j’ai semé Roméo au coin de la rue…

HONORINE.

Oh ! ne prononcez pas même son nom à celui-là ! Je ne veux plus en entendre parler jamais de cette histoire !… de ce cauchemar ! Qu’on me laisse !… j’ai du chagrin, voilà tout ! De toutes parts, je reçois des horions, c’est injuste.

MADAME DE CHEVRIGNY.

Je ne faisais qu’entrer et sortir pour vous rendre compte de la mission que vous m’aviez confiée… j’ai moi-même un dîner de douze personnes chez moi, ce soir, il faut que je me coiffe et que je m’habille. Allons, bonsoir. Vous avez besoin de repos et de solitude. Nous vous avons excédée, et dites-vous bien que tout ça s’arrangera.

HONORINE.

Oh ! je me connais ! Je supporte mal ces histoires-là… je vais me coucher pendant trois ou quatre jours… C’est mon seul remède… Je suis comme les bêtes devant la douleur, j’ai une lâ-