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des right men… Et ce serait assez chic, avoue-le, de mériter ce titre.

HONORINE.

Quoi ?… quoi ?… hein !… Oh ! ce style !… Mais j’ai affaire à un professeur ! Et puis, tu vous envoies ça carrément… Où est ton portefeuille, où sont tes notes de la Sorbonne ?…

HENRIETTE.

Mais non, chérie… non… Il n’y a aucune pédanterie de ma part… Tu es un être adorable, ingénu, qui est resté enfant et qui le demeurera peut-être jusqu’à la fin de ses jours. Eh bien ! ne t’effare pas parce qu’aujourd’hui, je te parle posément, sur un ton plus grave que nous n’en avons l’habitude.

HONORINE.

Ça, par exemple !… c’est le comble. C’est moi qui avais résolu de te demander des comptes, des explications, et passe-moi le terme, de t’engueuler, comme tu le mérites pour cette scène saugrenue… et c’est toi qui me fais de la morale !… Et je suis là à t’écouter gentiment sur une chaise, comme si j’étais en pénitence… Ah ! c’est bien la vie d’aujourd’hui, tiens…

HENRIETTE.

Mais, ma petite Nono, j’ai grandi… tandis que toi…

HONORINE.

Moi, j’ai vieilli, tu ne me l’envoies pas dire !… Eh bien ! non. L’extraordinaire, c’est qu’à quinze ans, tu étais déjà pareille… « Assieds-toi, maman… Ne fais pas ça… Ne va pas là, ce n’est pas correct !… » Tu avais moins de style, si tu veux, mais tu m’as tellement entraînée à t’obéir que j’en ai pris l’ha-